Dossier n°13904 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Georges Ernest Lesiourd

Année de nomination : 2020
Date de naissance : 11/02/1899
Date de décès : 06/03/1965
Profession : Cantonnier

Esther (Brouard) Guillemin

Année de nomination : 2020
Date de naissance : 24/11/1883
Date de décès : 19/09/1961
Profession :
    Localisation Ville : Sceaux-sur-Huisne (72160)
    Département : Sarthe
    Région : Pays-de-la-Loire

    L'histoire

    Jacques et Ginette, Mme GUILMIN et M LESIOURD

    Lajzer Zysman et Rywka Lewkowicz se sont mariés à Lodz en Pologne en 1939. Lajzer, peintre en bâtiment part en France en 1929. Il est rejoint par son épouse en 1930 et vivent dans le 12eme arrondissement de Paris. Leur fils Jacques est né sur le sol français en 1934 et leur fille Ginette en 1939. A la déclaration de la guerre, Lajzer, de nationalité polonaise s’engage dans l’armée française mais est fait prisonnier et envoyé en Allemagne (au Stalag VII A) situé au nord de la ville de Moosburg en Bavière. Ce stalag est un camp d’internement pour prisonnier de guerre, destiné aux soldats et sous-officiers. C’est le plus grand camp de prisonniers de la seconde guerre mondiale, crée dès septembre 1939 et couvrant une superficie de 35 hectares. Lajzer ne reviendra de captivité qu’en mai 1945. Le camp a été libéré par les troupes américaines le 29 avril 1945, il y avait encore environ 800 000 prisonniers.

    Rywka fut avertie qu’on allait procéder à l’arrestation imminente des femmes de prisonniers et de leurs enfants. Elle prend alors contact avec une organisation qui lui conseille d’envoyer les enfants dans une famille catholique à la campagne. Dès lors, une femme convoie Jacques et Ginette jusque dans la Sarthe, à Sceaux-sur-Huisne, chez Esther Guillemin qui était veuve de guerre et son nouveau compagnon Georges Lesiourd, cantonnier du village. Rywka sans ressource restera cachée toute la guerre à Coudray près de Chelles. Les premiers mois Jacques et Ginette vont à l’école communale du village. Cependant les Allemands passent dans les écoles pour procéder au ramassage de tous les enfants juifs. La directrice conseille alors à Esther et Georges de ne plus envoyer les enfants à l’école. Un jour la sirène retentit et Esther Guillemin dit aux enfants de sortir vite et d’aller se réfugier dans l’abri que Georges avait creusé dans le jardin et ils ont pu voir des avions qui passaient et qui allaient bombarder la gare du Mans.

    « Nous avons toujours été bien traités et bien nourris et lorsque je n’ai plus été en classe, Monsieur Lesiourd m’emmenait avec lui sur les routes… nous vivions dans cette maison rurale tous les quatre, ma sœur, moi et nos sauveurs » Jacques.

    A la libération Rywka vient chercher ses enfants et ils réaménagent dans leur ancien appartement dans le 12eme arrondissement de Paris qui avait été entièrement spolié.

    En 1963, Ginette se marie et envoie un faire-part à Esther Guillemin et en retour Esther lui fait parvenir son premier cahier de maternelle, et une photo qu’elle avait précieusement gardée dans son armoire.

    Le 11 novembre 2019, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Esther Guillemin et Georges Lesiourd le titre de Juste parmi les Nations.