Les Justes
Yvonne Castille
Année de nomination : 2024Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Professeur de piano
Département : Sarthe
Région : Pays-de-la-Loire
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire
Laure Javice, née Raszewski est née à Paris en 1930. Son père David est né en 1900 près de Lodz. Il est issu d’une fratrie de 8 enfants dont deux décéderont dans un ghetto en Pologne et 5 seront déportés de France avec leurs familles respectives. Lui s’installe en France en 1918.
La mère de Laure, Annetta née Meer en 1901 à Paris est la fille d’un couple de Juifs roumains installés en France depuis 1880. Ses grands-parents ont été naturalisés français et ont eu cinq enfants. Son grand-père a été mobilisé pendant toute la guerre 1914-1918.
David et Annetta Raszewski, les parents de Laure se marient à Paris en 1924. Puis ils s’installent au Mans en 1934 où ils ouvrent une boutique de prêt-à-porter, Laure a alors 4 ans. En1942, David est en instance de naturalisation quand il se rend à la préfecture du Mans pour retirer les étoiles jaunes. C’est là qu’il fait connaissance avec Adolphe Busson, chef de division à la Préfecture. Des liens de confiance se nouent entre les deux hommes. David fait part à Adolphe Busson de son intention de se réfugier en zone sud, son frère étant déjà interné à Drancy. David lui demande de prévenir son épouse en cas de danger d’arrestation. Le 14 juillet 1942, Suzanne Busson, l’épouse d’Adolphe, vient prévenir Annetta de l’imminence d’une rafle.
Une heure plus tard, Annetta et sa fille Laure se rendent au domicile de Mademoiselle Yvonne Castille, rue des Bons Enfants au Mans. Elle est le professeur de piano de Laure depuis quatre ans. Yvonne Castille écoute avec attention les raisons de leur visite imprévue. Immédiatement, elle manifeste le désir de les aider. Elle les accompagne dans un hôtel en face de la gare du Mans qui est dirigé par les parents d’une de ses élèves. Elle leur demande de les accueillir sous le nom de Castille. Elle leur propose de faire le voyage avec elles pour les accompagner à Paris. Annetta qui a une carte d’identité, avec le tampon JUIF voyage seule dans le train et Laure voyage quelques wagons plus loin avec Yvonne pour qui elle devient sa nièce d’un jour. Heureusement, il n’y a pas eu de contrôle dans le train. Annetta et Laure vont rester quelques jours cachés chez les grands-parents dans le 9ième arrondissement de Paris.
Ensuite Annetta, sa fille, sa sœur et son neveu Maurice âgé de 12 ans, vont voir un passeur dans un grand café qui existe toujours, juste en face de la gare de Lyon. Ce passeur leur donne alors quelques renseignements directionnels pour aller en zone libre. Ils doivent tous les 4, prendre un train pour MONTARGIS et changer ensuite de train vers une autre destination. Malheureusement impossible de prendre ce second train à Montargis car il était bondé. Retour alors à Paris, puis ils contactent à nouveau ce passeur afin de repartir à nouveau pour la zone libre mais cette fois-ci sans encombre. Annetta et sa fille vont aller dans la Creuse à Crozant (un charmant petit village à une cinquantaine de kilomètres de Gueret, chef-lieu du département) retrouver David, quant à sa sœur elle est allée avec son fils rejoindre son mari à Roanne où il était caché depuis plusieurs mois.
David avait été arrêté en passant la ligne de démarcation et interrogé au camp du Clocher. Il y été assigné à résidence surveillée et détaché chez un métayer du château qui lui assurait un emploi à la ferme. Ils vont séjourner tous les trois dans une petite ferme pendant plus de deux ans dans le hameau de Champ Gotin, à cent mètres du château.
En octobre 1943, Adolphe Busson est arrêté pour faits de résistance et pur être venu en aide à plusieurs familles juives. Il est torturé à la prison d’Angers. Puis il est interné au camp de Compiègne le 6 avril 1944 et déporté à Mauthausen le 8 avril 1944 où il meurt assassiné le 18 mars 1945. En 1944, Suzanne Busson est à son tour arrêtée pour faits de résistance. Le hasard fait qu’elle a été elle aussi internée dans le camp de Mauthausen, mais elle n’y a pas vu son époux Adolphe. Suzanne est libérée et rentre au Mans. En 1946 elle publie un livre « Dans les griffes nazies », livre qu’elle dédicace à la famille Raszewski.
En juillet 2024, Yad Vashem, Institut International pour la mémoire de la Shoah a décerné, à Adolphe et Suzanne Busson ainsi qu’à Yvonne Castille, le titre de Juste parmi les Nations.