Dossier n°13938 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marcel Hoffmann

Année de nomination : 2020
Date de naissance : 25/07/1902
Date de décès : 06/09/1957
Profession : Cheminot
    Localisation Ville : Lille (59000)
    Département : Nord
    Région : Hauts-de-France

    L'histoire

     

    Berick Stulzaft est né à Vilno en 1896, son épouse Hélène Liberman est née à Ponevez en Lithuanie en 1914.

    Pendant la guerre la famille Stulzaft, marchands forains vit à Lille.  Dès 1942, les Allemands proposent à Berick ainsi qu’à d’autres juifs lillois d’aller travailler dans un camp près d’Avallon en prétendant que leurs familles seraient protégées. Mais le 11 septembre 1942 les juifs lillois sont arrêtés. Hélène se doute néanmoins que le sort réservé aux juifs serait néfaste et place alors ses deux fils Jacques et Jean en pension à Faches Thumesnil, une banlieue lilloise. Malheureusement elle est arrêtée, et sous la menace d’une arme, est contrainte de révéler la cache de ses fils. Arrêtés et emmenés à la Kommandantur (boulevard de la Liberté à Lille), ils sont transférés en camion à la gare de Fives-Lille. Sur place se trouvent des cheminots dont nombreux sont résistants et parmi eux Marcel Hoffmann.
    « Le 11 septembre 1942, les israélites furent ramassés et parqués en gare de Fives sous la surveillance de gendarmes allemands pour être ensuite dirigés vers les camps de la mort. N’écoutant que mon patriotisme et par humanité je me suis glissé dans ce groupe et au mépris du danger que j’encourais et des péripéties parfois dangereuses et usais de ruse. J’ai réussi de 13H00 à 23H à sauver une quarantaine d’enfants et adultes qui furent recueillis par des personnes charitables et hébergés durant toute l’occupation allemande… ». (document d’archive : notice individuelle de Marcel Hoffmann)

    Il détourne l’attention de la sentinelle en montrant sa carte d’identité, précisant qu’il a un nom d’origine allemande et leur permet grâce à l’aide de cheminots, de fuir avec d’autres juifs par la porte d’un bâtiment situé sur le quai de la gare. Un réseau d’entraide au sein de la SNCF se met alors en place.

    Les deux frères sont ensuite pris en charge par une nouvelle famille de cheminots, les Devos. Mais on savait que ce couple gardait des petits juifs donc ils ont été envoyés chez des cousins dans un village près d’Hazebrouk. Puis Jacques revient chez eux. Il découvre la vie en plein air et apprend aussi à donner des soins aux lapins et aux poules. Monsieur Devos lui a même fabriqué une grue et d’autres jouets dans son atelier à la gare. Le dimanche il se promenait mais très rarement car il était préférable qu’il reste caché.  À la suite du bombardement du 8 novembre 1942 Jacques et ses protecteurs sont ensevelis sous les décombres et sont transportés à l’hôpital Saint Sauveur de Lille. Jacques y subit une opération et lorsque Marcel Hoffmann lui rend visite, il comprend très vite que l’infirmière en chef a des soupçons sur l’origine du garçon et est prête à le livrer à la gestapo. Marcel lui sauve alors à nouveau la vie en le sortant immédiatement de l’hôpital.

    Au gré des bombardements, Hélène et ses fils se réfugient dans plusieurs caches dont un petit logement près de la gare de Tourcoing prêté par une amie de la famille, et aussi dans un autre petit appartement rue Coquerez, jusqu’à la Libération en septembre 1944. Jacques Stulzaft sous une fausse identité a même pu suivre une année d’école.

    C’est donc à plusieurs reprises que Marcel Hoffman a sauvé la vie de cette famille. Il est même allé jusqu’en Allemagne après-guerre pour ramener le peu de la famille Stulzaft qui avait échappé à l’extermination nazie. Bien d’autres juifs ont été sauvés par Marcel Hoffmann : Daniel et Jacqueline Mandelbaum alors qu’ils se trouvaient dans le train convoi 10 le 11 septembre 1942. Ou encore Roger Kenig, Maurice, Rose et Samuel Blanck, Jacques Topaz, Germaine Banach….

    Ce héros de l’ombre a risqué sa vie à plusieurs reprises.

    Le 25 février 2020, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Marcel Hoffmann.

    Plaquette Hoffmann 

    Les médias externes :