Dossier n°13947 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Profession : Ingénieur des Arts et Manufactures

Jean Haviland

Année de nomination : 2020
Date de naissance : 13/08/1883
Date de décès : 23/12/1961
Profession : Ingénieur des Arts et Manufactures

Marie-Louise Haviland Eyquem

Année de nomination : 2020
Date de naissance : 14/11/1887
Date de décès : 28/11/1944
Profession :
    Localisation Ville : Limoges (87000)
    Département : Haute-Vienne
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Joseph Gajfinger était tailleur, il avait fui la Pologne en 1924 pour venir en France, à Metz où vivait déjà une partie de sa famille. Esther Wajsfus qu’il avait épousé religieusement en Pologne le rejoint en 1926, ils se marient en 1928 et sont naturalisés en 1947. La famille Cajfinger d’origine polonaise vivait à Metz avant la guerre. Joseph et Esther et leurs 3 enfants nés sur le sol français, Fanny née en 1928, Robert en 1930 et Colette en 1938.

    De 1940 à 1942, la famille se réfugie à Saint-Benoît dans la Vienne, puis à Limoges. Joseph trouve un emploi de tailleur aux Etablissements Troutaud Deschamps ainsi qu’un logement de fortune. La famille vit alors dans des conditions plus que précaires, dans une pièce unique, au sous-sol, attenante à la cave, qui servait autant de cuisine que de chambre.  Ils payaient par trimestre et d’avance 180 francs de loyer, et 24 francs pour l’eau. Fanny se rappelle qu’il n’y avait que deux lits et pour prendre le bain, il fallait faire chauffer une bassine d’eau au soleil dans le jardin. Colette fut brûlée au troisième degré et il était impossible de l’hospitalisée puisque la famille vivait dans la clandestinité. Un médecin juif venait la soigner avec les moyens du bord à domicile. Il a fallu environ 4 mois pour que la plaie guérisse.

    En 1943, sentant le danger grandissant ils ont décidé de cacher leurs deux filles de 5 et 15 ans dans un orphelinat tenu par les Sœurs Bleues à Castres par l’intermédiaire de l’OSE, mais seront tout de même séparées. Cet orphelinat est dirigé par Georges Marie-Célestine, Sœur Liguori. Quant à Robert, 13 ans, il sera envoyé chez des paysans pas loin de Oradour-sur-Glane où il travaillait très durement en tant que commis de ferme, et était très malheureux. Le 8 août 1943 Joseph qui était résistant est arrêté par la gestapo et torturé avant d’être envoyé à Drancy. Le 20 novembre 1943 il part par le convoi 62 à Auschwitz avec une partie des prisonniers de Drancy avec lesquels il avait entrepris de creuser un tunnel qui aurait permis une évasion massive de Drancy. Esther part alors travailler non loin de l’orphelinat où étaient cachées ses filles. Jean & Marie-Louise Haviland, porcelainiers vont accepter de prendre Esther comme employée de maison.

    Joseph et les autres prisonniers qui étaient dans le train parviennent à déceler les barreaux du wagon. Joseph saute alors du train en marche ainsi que d’autres prisonniers quand le train a ralenti dans une montée. Blessé à la tête, à la main et aux pieds, il réussit quand même à ramper jusqu’à l’écluse 35 du couple DOMICE (nommé Juste en 2007) qui l’hébergera jusqu’à fin 1943. Il gagnera ensuite Lyon, puis Toulouse où il intègre le Comité Départemental de la Libération. Les enfants ont beaucoup souffert de cette séparation.  Fanny et Colette allaient à la messe pour ne pas éveiller les soupçons, lavaient leur linge au lavoir, avaient comme guise de petit-déjeuner une sorte de soupe avec du pain trempé. Un jour Fanny qui avait l’autorisation de sortir pour aller au cours de dactylographie à l’école Pigier, est arrêtée par la gestapo devant un commissariat et elle se fait passer pour la fille du Commissaire de police Pierron qui était un ami de sa famille et a pu partir. En 1943 ne supportant plus le couvent, les prières, aller à l’église, elle rejoint sa mère chez les Haviland jusqu’à la fin de la guerre.

    Après la guerre, Joseph retrouve sa famille, et ils réintègrent leur appartement qui avait été complètement vidé.

    Le 20 janvier 2020, Yad Vashem – Institut International de la Mémoire de la Shoah a décerné à Jean et Marie-Louise Haviland ainsi qu’à Georges Marie-Célestine le titre de Juste parmi les Nations