Les Justes
Jeanne Kreutzer (Soeur Ferdinand)
Année de nomination : 2021Date de naissance : 28/08/1900
Date de décès : 24/01/1994
Profession : Religieuse
Département : Eure
Région : Normandie
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
Saul Frucht né en 1901 en Lituanie. Il arrive en France en 1925, d’abord à Cherbourg puis à Paris. Sa future épouse Hode Kacienne est née en 1907 en Lituanie et est venue en France rejoindre un de ses oncles. Tous deux de nationalité russe se marient en 1935 à la mairie du XVIIième à Paris et ont 3 enfants.
Denise née en 1936, Mireille en 1938 et Michel en 1939. Les trois enfants ont la nationalité française par déclaration.
Après avoir exercé plusieurs métiers, Saül trouve un emploi comme directeur dans une entreprise de fabrication de vêtements en caoutchouc tenue par un juif originaire de Salonique, dont une succursale est implantée à Saint-Cyr du Vaudreuil qui emploie à la veille de la guerre une soixantaine d’ouvrières. Saül y travaille tout en gardant son appartement parisien.
En 1940, la famille Frucht ainsi que la grand-mère maternelle Chaja Kacienne, choisissent de fuir Paris en direction de Périgueux. Chaja était venue aider sa fille et ses 3 petits enfants mais ne parlait que le yiddish. Par la suite croyant le danger écarté ils décident de revenir à Saint-Cyr le Vaudreuil. La famille est logée chez le directeur de l’entreprise en face de la maison de Maria Constantin.
Le 22 juin 1941, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie, le soir même Saül Frucht est arrêté car il est considéré comme un réfugié russe. Il est détenu au camp de Royallieu à Compiègne où l’on regroupe les communistes et tous les opposants jusqu’en 1942. Il sera ensuite déporté à Auschwitz comme juif, le 6 juillet 1942, par le convoi dit « des 45000 ». Il avait pressenti le danger et avait demandé à son épouse de fuir mais elle s’y opposa. Elle sera donc arrêtée avec ses trois enfants en bas âge le 13 juillet 1942 par la gendarmerie française et elle sera transférée d’abord à Rouen puis à Pithiviers avant d’être déportée à Auschwitz par le convoi 14 du 3 août 1942 où elle ne reviendra pas.
Les trois enfants Quant à eux ont été libérées sur l’ordre de la feldgendarmerie pour être confiés à leur grand-mère, Chaja vit donc avec ses petits enfants pendant une année avant d’être elle-aussi arrêtée et déportée par le convoi 62 du 20 novembre 1943, elle avait 63 ans. Lors de son arrestation, le maire de Saint-Cyr le Vaudreuil, Arthur Papavoine, a voulu cacher les enfants. Denise, Mireille et Michel ont donc été cachés à l’école privée Notre-Dame du Vaudreuil tenue par trois religieuses dont Sœur Ferdinand. Ces dernières ont gardé les deux filles pendant toute la guerre car c’était une école de fille. Quant à Michel il fut recueilli par Maria Constantin, veuve de guerre, catholique, sans enfant et âgée de 70 ans. Malgré son maigre revenu et étant à la retraite elle va s’occuper du petit Michel jusqu’en 1949. Michel a été choyé et considéré comme son fils. Il allait à l’école sous son vrai nom, tout le village savait qu’il était juif mais jamais personne n’a parlé. Il allait comme tout le monde au village à la messe tous les dimanches tout en conservant son nom juif.
Sœur Saint-Ferdinand prend la direction de l’Ecole Saint-Henri à Notre-Dame du Vaudreuil où elle instaure des cours primaires. Elle y cache donc Mireille et Denise Frucht et leur épargne la déportation synonyme de mort. Elle les élève et les éduque comme toutes les autres pensionnaires. Tous les trois ont bénéficié de la solidarité de tout le village.
Dès 1949, Michel quitte sa protectrice et rejoint ses sœurs dans une maison d’enfant à Sèvres jusqu’en 1954, toute fois il retourne fréquemment la voir. Michel a toujours gardé des liens très fort avec Maria qu’il appelait Tantin.
Le 11 aout 2021, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Jeanne Kreutzer, sœur Ferdinand en religion, le titre de Juste parmi les Nations.