Dossier n°14260 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

René Escafre

Année de nomination : 2022
Date de naissance : 17/05/1905
Date de décès : 20/04/1959
Profession : Gendarme
    Localisation Ville : Samatan (32130)
    Département : Gers
    Région : Occitanie

    L'histoire

    René ESCAFRE

    René ESCAFRE

    Aron Langbort est né en 1905 en Moldavie. Son baccalauréat en poche, il vient faire ses études en France, à Toulouse. Pendant ses études, il va loger non loin de l’Institut de Chimie, chez une vieille dame et sa gouvernante Mademoiselle Joly, avec laquelle il va se lier d’amitié. Il devient ingénieur chimiste et part travailler à Paris.

    Goldka Koslowski, sa future épouse est née le 12 novembre 1900 en Lituanie. Elle est l’aînée de 7 enfants et avait commencé des études de médecine qu’elle a dû abandonner en raison du décès de sa mère.

    Elle arrive en France en 1931 et c’est là qu’elle rencontre son futur mari. Ils se marient en 1932 et Clara voit le jour le 7 décembre 1933.

    En avril 1940, Aron Langbort envoie tout naturellement son épouse et sa fille à Toulouse chez Mademoiselle Joly avec laquelle il avait garder le contact. Quant à lui, il est réquisitionné comme ingénieur aux usines Renault et renvoyé comme tous les membres du personnel le 14 juin 1940 la veille de l’entrée des Allemands à Paris. Il va mettre plus d’un mois à pied pour rejoindre sa famille à Toulouse.

    Aron et Goldka sont tous deux des juifs étrangers alors que leur fille Clara est née en France. Ils sont envoyés en résidence surveillée à Barbazan en Haute-Garonne mais c’est à Loures-Barousse dans les Hautes-Pyrénées qu’ils vont trouver un logement. Pour survivre, Aron créé une petite entreprise de produits d’entretien en partenariat avec un juif alsacien. Les Langbort sont envoyés à Salies du Salat pour un regroupement de familles juives avant d’être à nouveau dispersés. Il demande à une de ses ouvrières qui venait de se marier avec un agriculteur du Gers de leur trouver un logement. La famille se retrouve donc à Samatan dans une maison à la sortie du bourg. Aron a préféré que sa famille reste isolée plutôt qu’en groupe avec d’autres familles juives pour éviter des rafles.

    En février 1943, un gendarme, René Escafre se présente très tôt chez la famille Langbort et l’informe que selon les ordres reçus, il va devoir revenir avec un collègue pour arrêter Aron. Il lui conseille alors d’aller se réfugier au presbytère de Samatan où il y retrouve un juif autrichien Fischel Jampel mais aussi Oscar et Severin Adner. Le curé les cache alors plusieurs jours avant que  le chef de la milice qui est aussi résistant charge les 4 juifs étrangers dans sa camionnette et les conduits au maquis.

    Aron a alors 36 ans, il va rester au maquis jusqu’à la libération et va participer aux activités menées par ce maquis. Son épouse et sa fille continuent à vivre à Samatan. Les enfants vont à l’école, les habitants sont amicaux.

    René Escafre va aussi sauver la vie de Goldka et de Clara en les faisant prévenir le 5 juin 1944 d’une rafle imminente pour le lendemain les concernant toutes les deux. Elles vont être dans la nuit conduites au Maquis avec Hanna, épouse de Fischel Jampel et  leur fille Monique ainsi que Armand Adner et sa mère. Clara écrit dans son témoignage qu’elle se rappelle qu’après 20 kilomètres de marche elle a vu une tente grise et d’avoir vu son père qu’elle n’avait pas revu depuis sa fuite en février 1943.  Les enfants sont tout de suite répartis chez des fermes avoisinantes. Clara va être cachée avec Monique dans la famille Naudes. Elle prend alors le nom de Jeanne NAUDES venue à la ferme pour échapper aux bombardements et aux restrictions alimentaires des villes à cette époque. Tout se passe relativement bien, tout le monde participe aux travaux.

    Fin août 1944, la libération, Clara et Monique Jampel peuvent même passer l’examen d’entrée en sixième.

    Le gendarme René Escafre, père de 5 enfants, a désobéi à sa hiérarchie pour sauver des parfaits inconnus en risquant son poste, sa vie et celle de sa famille.

    Le 24 août 2022, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah a décerné, à René Escafre, le titre de Juste parmi les Nations.




    Mis à jour il y a 2 mois.