Les Justes
Jean Désiré Philippeau
Année de nomination : 2022Date de naissance : 18/01/1910
Date de décès : 13/12/1993
Profession : Savetier
Jeanne Philippeau
Année de nomination : 2022Date de naissance : 26/12/1913
Date de décès : 13/01/1992
Profession :
Département : Loir-et-Cher
Région : Centre-Val de Loire
Personnes sauvées
L'histoire
Abraham et Malka Reimann sont originaires de Pologne. Ils s’installent à Paris en 1930, ils ont deux filles Madeleine et Arlette. Ils sont fourreurs et habitent dans leur atelier de confection. La famille Reimann est fièrement assimilée, totalement laïque et insufflent à leurs deux filles la fierté pour leur identité française.
Avant la guerre, Madeleine et Arlette vivent comme tous les enfants français de leur âge. La famille est assez aisée, le commerce est florissant. Pendant la guerre, Abraham pensait ne rien craindre car il n’avait pas enfreint la loi et a répondu présent à la convocation du billet vert du 14 mai 1941. Il est arrêté et envoyé à Pithiviers. Pourtant il ne cessait de répéter à ses filles : « Dans la France de Diderot et de Voltaire, on ne risque rien ! ». Pour pouvoir vivre non loin de son mari, Malka décide d’aller vivre à Pithiviers et inscrit ses filles dans un pensionnat catholique non loin du camp.
En 1942 Malka et ses filles retournent à Paris où elles doivent porter l’étoile jaune. En juillet de la même année le matin de la rafle du Vel d’Hiv, des policiers français viennent arrêter Abraham. Malka leur dit qu’il avait déjà été arrêté et qu’il était détenu au camp de Pithiviers alors ils décident de l’arrêter avec ses deux filles ainsi que 3 autres familles juives qui habitent le même immeuble. Elles sont envoyées au Vélodrome d’Hiver pendant quelques jours avant d’être déportées dans un wagon à bestiaux au camp de transit de Beaune-La-Rolande dans le Loiret.
Grâce à une de leurs employées, toutes les trois ont pu s’évader du camp juste avant le départ d’un convoi vers l’est et retournent à Paris. En aout 1942, arrive Jeanne Philippeau pour récupérer les deux fillettes très amaigries après leur passage dans le camp. Elle leur enlève leur étoile jaune et les emmène en train à Pezou (dans le Loir et Cher) chez son frère M. Papon qui cache déjà deux enfants.
Quelques jours plus tard, elles partent à Vendôme dans le Loir-et-Cher, et sont accueillies par la famille Phillipeau qui cache déjà un jeune garçon du nom de Simon Windland qui partira se réfugier plus tard dans un autre endroit. Quelques mois plus tard, la mère de Madeleine et Arlette les rejoint. Elle parle français mais avec un fort accent polonais. Elle ne possède pas non plus de tickets de rationnement. Arlette et Madeleine vont au catéchisme et au patronage. Malka travaille dans les fermes alentours. Le danger est présent au quotidien car dans la même rue se trouve la Feld Komandantur et des soldats allemands passent devant la maison tous les jours. Jeanne Philippeau va toutes les semaines voir des paysans aux alentour, afin de se ravitailler. Les Reimann sont accueillis comme des membres de la famille. D’autres personnes sont au courant de la situation comme l’institutrice ou bien encore le curé.
En septembre 1944, elles retournent à Paris. Chaque jour Malka et ses filles se rendent Gare de l’Est et à l’Hôtel Lutétia, espérant trouver le nom d’Abraham sur les listes. Elles apprendront qu’il avait été déporté par le convoi N°4 du 25 juin 1942 sans retour. Malka se laisse alors mourir de chagrin et décède en janvier 1946. Plus tard, on apprend que Jeanne Philippeau était pendant la guerre en lien avec l’OSE (Œuvre au secours de l’enfance) et a placé un bon nombre d’enfants dans des familles afin de les cacher et les protéger.
Le 24 août 2022, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah a décerné à Jean et Jeanne Philippeau, le titre de Juste parmi les Nations.