Dossier n°14308 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Joseph Réginald Remillieux

Année de nomination : 2024
Date de naissance : 18/11/1897
Date de décès : 02/11/1979
Profession : Professeur de mathématique

Marie Valentine (Le Gros) Remillieux

Année de nomination : 2024
Date de naissance : 02/05/1901
Date de décès : 17/11/1981
Profession : Mère au foyer
    Localisation Ville : Lyon (69000)
    Département : Rhône
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Jeanne LOUBETKINE est née en Russie où elle épouse Pierre Saïmowitch. Le couple Saïmowitch et Berthe Loubetkine, la jeune sœur de Jeanne décident alors de fuir les pogroms russes et de s’installer à Paris, sans doute en 1907. Le couple Saïmowitch ouvre alors à Saint-Ouen une épicerie. Mais Pierre Saïmowitch est atteint de cécité, il se spécialise alors dans la reconnaissance au toucher des métaux et finalement ouvre avec son épouse une brocante aux Puces de Clignancourt.

    Jeanne et Pierre Saïmowitch, ont quatre enfants : Lydie née en 1908, Marie née en 1909, Edouard né en 1917 et Eva en 1926. Pierre Saïmowich demande et obtient la nationalité française pour ses enfants en 1926.

    Les premiers malheurs arrivent le 16 mars 1939 avec le décès de Pierre Saïmowitch. Jeanne dès lors assume seule, avec l’aide de son fils Edouard, la gestion de sa boutique d’antiquaire. Le 20 juin 1941 elle est spoliée du droit d’exploiter sa brocante et ses biens sont liquidés, ceci en exécution des « mesures contre les juifs » promulguées le 9 juin 1941. Le 5 août 1941 l’administrateur provisoire nommé pour la liquidation de son entreprise (Henri Valette) informe le Commissariat pour les Questions Juives que « la liquidation est terminée, tout est en règle ». En 1943 Jeanne a certainement fui avec ses plus jeunes enfants la zone occupée car on trouve trace de sa présence à Megève, de juin à novembre, où elle travaille comme « bonne à tout faire » dans l’Institut de Beauté de F. Laporte.

    Elle s’installe ensuite à Lyon avec deux de ses enfants Edouard et Eva. Le 22 juin 1943, son fils Edouard, alors âgé de 26 ans, est arrêté à Lyon et interné au Fort de Montluc. Il est transféré le 11 juillet 1943 à Drancy, où il y restera jusqu’à la libération du camp.

    Sa fille Eva a été elle aussi arrêtée à Lyon, transférée à Drancy, puis Auschwitz par le convoi N°74, du 20 mai 1944. A son arrivée elle est sélectionnée pour travailler dans une usine près du camp. Elle survivra à cette déportation jusqu’à la libération d’Auschwitz et sera de retour à Paris le 21 mai 1945.

    Jeanne Saïmowitch, après l’arrestation de ses deux enfants Edouard et Eva, se trouve elle-même pourchassée à Lyon en cette fin d’année 1943 où Klaus Barbie et Paul Touvier mènent une campagne d’arrestation massive des juifs.

    Hiver 1943, Jeanne est pourchassée dans le quartier de Perrache à Lyon. Elle se réfugie dans la boulangerie Augier, au 15 de la Place Carnot.  Madame Augier, la boulangère, la cache aussitôt dans le local de son four.

    Mme Remillieux qui habitait, avec son mari et ses huit enfants, au quatrième étage de cet immeuble, entre dans la boulangerie, comme tous les jours, par une porte de la boutique qui donne directement dans la cour de l’immeuble. Elle voit aussitôt l’effroi de Mme Augier qui lui dit que la Gestapo pourchasse une femme qu’elle vient de cacher, mais que certainement sa boulangerie va être fouillée d’une minute à l’autre. Sans hésiter, Marie Remillieux prend cette femme par la main, traverse en courant la cour intérieure de l’immeuble pour atteindre le bas d’un petit escalier de service qui, au quatrième étage, lui permet de rentrer discrètement au fond de son appartement. Jeanne va rester cachée jusqu’à la Libération dans cet appartement, sous le nom de Madame Jeanne.

    L’appartement de la famille nombreuse des Remillieux est grand, il s’étale sur toute une façade de l’immeuble, entre l’entrée principale desservie par un large escalier de pierre et l’entrée de service desservie par le petit escalier emprunté le jour du sauvetage par Marie Remillieux.

    Les enfants Remillieux doivent respecter de très strictes consignes de sécurité : ne jamais évoquer la présence de Jeanne, à qui que ce soit, famille ou amis, hors des murs de l’appartement et ne jamais ouvrir la porte d’entrée principale de l’appartement sans avoir au préalable alerté Mme Jeanne pour qu’elle se tienne prête à fuir par l’escalier de service. Pour faciliter son éventuelle fuite, en cas de fouille de l’appartement.

    Joseph Remillieux, après avoir dirigé une petite entreprise de cartonnage avant la guerre, venait de se reconvertir en professeur de mathématiques dans différents collèges et lycées privés de la région lyonnaise. Bien qu’il ait été grièvement blessé à la première guerre, il avait été remobilisé en 1939 en tant qu’artilleur : il dirigeait une petite unité anti-aérienne dans le Fort de Ste Foy-les-Lyon.

    Souvent absent de chez lui, Marie Remillieux se trouve seule et assez débordée de travail à la tête de sa famille nombreuse. Jeanne l’aide comme elle peut.

    Le 5 novembre 1945, le Tribunal civil de la Seine annule la liquidation de la brocante des Saïmowitch qui avait été prononcée le 9 juillet 1941. Jeanne peut alors réintégrer ses locaux d’origine. Grâce au courage de ce couple qui risquait leur vie et celles de leurs 8 enfants, Jeanne a pu être sauvée.

    En 2024, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Joseph et Marie Remillieux, le titre de Juste parmi les Nations.

    Jeanne Saimowitch

    Jeanne Saimowitch

     

     

     

     

     




    Mis à jour il y a 2 mois.