Dossier n°14317 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Léon Ronceray

Année de nomination : 2024
Date de naissance : 16/12/1884
Date de décès : 27/01/1954
Profession :

Marie Ronceray Durand

Année de nomination : 2024
Date de naissance : 07/09/1891
Date de décès : 30/12/1977
Profession :
    Localisation Ville : Boynes (45300)
    Département : Loiret
    Région : Centre-Val de Loire

    Personnes sauvées

    L'histoire

    Famille Ronceray

    Famille Ronceray

    Israël Kornbaum et Frida Kummel tous deux originaires de Pologne vivent en France depuis le début des années 30. Ils se marient à la mairie du XXième arrondissement en 1936. Leur fille Paerle vient au monde le 26 décembre 1938. Eizig Kummel, surnommé Isio, le frère de Frida, et son épouse Tonia s’installent en France eux aussi. Les Korbaum habitent dans le Xième, rue des Petites Ecuries où ils installent un atelier de couture. Le 14 mai 1941, comme beaucoup de Juifs étrangers de la région parisienne, Israël Kornbaum est arrêté par la police et interné dans le camp de Pithiviers puis à celui de Beaune-la-Rolande. Son beau-frère Eizig Kummel subit le même sort. Après leur arrestation, Frida fait de nombreuses démarches auprès de la Préfecture d’Orléans. Elle finit par obtenir du Préfet une autorisation pour aller leur rendre visite dans le camp de Pithiviers. Elle ira avec sa fille Paerle quelques fois. Paerle a gardé le souvenir d’un immense baraquement avec de nombreux lits en bois superposés.   Frida se procure, moyennant finances, des cartes d’identité pour son mari, son frère et pour elle-même. Elle devient jusqu’à la fin de la guerre, Anna Frédérique Mallet et entre dans la Résistance. Malgré les faux papiers, Israël et Isio refusent de s’évader face aux risques pour eux et leurs codétenus. A la faveur de ses entrées au camp pour y livrer la viande, Joseph, apprenti-boucher à Pithiviers, le fils de Léon et Marie Ronceray, se lie d’amitié avec Israël Kornbaum. Les fermiers Ronceray obtiennent l’autorisation pour qu’il puisse travailler aux moissons à Boynes. C’est également Joseph qui, grâce aux renseignements recueillis auprès d’un douanier du camp, informe sa famille et Frida sur les projets de rafles et de vidage du camp.   A l’été 1942, Frida est informée par son réseau de Résistance et par les Ronceray d’importantes rafles prévues en juillet. Elle confie alors Paerle à Léon et Marie Ronceray.   Le 17 juillet 1942, le convoi N° 6 emporter Israël Kornbaum et Isio Kummel à Auschwitz.  Paerle n’a jamais su l’endroit ni le vrai nom des gens qui l’accueillaient que sa mère appelait les « Ronce ». Ses souvenirs ne sont pas nombreux sur cette période, mais elle se rappelle bien la ferme et les deux enfants de la maison. Un petit garçon, Claude, qui devait avoir à peine deux ou trois ans de plus qu’elle, et une petite fille plus jeune. Elle a retrouvé, dans les affaires de sa mère, deux photos. Elle se souvient de la gentillesse de cette famille, dont elle se sentait faire partie. Elle était très complice avec Claude avec qui elle jouait et faisait des bêtises. Ils participaient aussi aux travaux des champs, et elle en garde un amour des chats et des chevaux. C’est à la suite de la dénonciation dont ont été victimes Léon et Marie Ronceray que Paerle a été baptisée « Pierrette » à Boynes et placée dans le pensionnat tenu par les Sœurs de la Providence de Sens à Combreux dans le Loiret. Un jour, une religieuse dit à Paerle de la suivre. « Il y a une surprise pour toi ». Elle reconnut de loin sa mère. Frida décide, malgré le danger, de la ramener avec elle à Paris, dans l’appartement où elle cachait un dépôt d’armes. C’était au printemps 1944, quelques semaines avant la Libération de Paris.  A la fin de la guerre, Frida et Paerle partent vers la Galicie, région Est de la Pologne devenue soviétique. Frida espérait y retrouver des survivants de sa famille, elle n’en retrouvera aucun. En raison du Rideau de Fer, elles restent en URSS jusqu’en 1956, puis rentrent à Paris via la Pologne en janvier 1957. Par la suite, pendant toute son enfance, son adolescence, et même jusqu’à présent, Paerle pense toujours aux « Ronce », avec beaucoup d’affection et de reconnaissance, et a regretté longtemps de ne pas pouvoir les retrouver afin de les faire reconnaître comme Justes parmi les Nations.  Grâce à l’aboutissement des recherches lancées par le petit-fils de ses sauveurs, Alain Ronceray, Paerle apprend fin janvier 2019 que les fermiers s’appelaient Léon et Marie Ronceray, que Claude était leur petit-fils, que sa petite sœur s’appelait Claudine, que la ferme se situait à Boynes dans le Loiret, que leurs parents s’appelaient Jean et Simone et que plusieurs membres de cette famille ont pris de très grands risques pour la famille Kornbaum.

     En 2024, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Léon et Marie Ronceray, le titre de Justes parmi les Nations.

    Paerle Kornbaum

    Paerle Kornbaum

     




    Mis à jour il y a 1 mois.