Dossier n°14366 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

France Jeanne (Durrleman) Dressen

Année de nomination : 2023
Date de naissance : 07/07/1916
Date de décès : 05/03/1997
Profession : Fondatrice et directrice d’une école
    Localisation Ville : Artenay (45410)
    Département : Loiret
    Région : Centre-Val de Loire

    L'histoire

    France Dressen

    France Dressen

    France Dressen Durrleman vient de rejoindre sa tante Eva Durrleman et son amie Thérèse Matter, fondatrices de la clinique Ambroise-Paré et de l’école d’infirmières de Tourcoing, au rang de Juste parmi les Nations.

    Elle grandit dans une famille protestante de neuf enfants. En 1942, à l’âge de 26 ans, elle fonde le Cours Bernard Palissy, un institut protestant d’enseignement primaire et secondaire privé, situé dans le XVIIᵉ arrondissement de Paris. L’établissement est créé sous l’égide de La Cause, association protestante fondée par son père, le pasteur Freddy Durrleman, en 1920.

    Son père, figure de l’Église réformée de France, fut l’un des premiers à dénoncer publiquement l’antisémitisme nazi dans les années 1930. Arrêté le 22 janvier 1941 et emprisonné pendant dix-huit mois par la Gestapo pour faits de résistance, il meurt le 5 janvier 1944.

    Animée par les mêmes convictions humanistes, France Durrleman souhaite accueillir dans son école des enfants de toutes origines et de toutes religions, qu’elle traite avec la même équité. Lorsqu’elle est contrainte de fermer son établissement, elle emmène une quarantaine de personnes au château d’Artenay, à une vingtaine de kilomètres d’Orléans. Le domaine, appartenant à l’Armée du Salut, devient un refuge pour de nombreux enfants juifs en 1944. Isolé et entouré de champs, le château est approvisionné grâce aux fermes voisines, offrant un véritable havre de paix.

    Beaucoup de garçons y séjournent, la colonie étant présentée comme « protestante » afin de ne pas éveiller les soupçons. Les filles dorment dans la chapelle attenante. Les enfants, âgés de 10 à 18 ans, y restent jusqu’à la Libération. Chaque samedi, ils se rendent aux douches municipales du village, le château n’en disposant pas.

    Gabrielle Mass, âgée de 10 ans en 1944, est confiée à France après la déportation et l’extermination d’une partie de sa famille, dont son père.

    Pour Ruth Friedensohn, dont la situation devient critique, France trouve un petit appartement chez des amis protestants. Ruth, arrivée à Paris en 1931 avec sa mère et sa fratrie. Elle a  d’abord étudié la musique à Vienne. Elle rencontre France par l’intermédiaire de Jacqueline Baston, amie commune et professeure de piano à l’École normale de musique.

    Lorsque la zone libre disparaît en 1943, France demande à une amie de retrouver Ruth et de lui procurer un nouveau refuge sous une fausse identité, en gardant les mêmes initiales (Renée Frenet).

    Après l’arrestation de sa famille dans l’Allier, le 2 novembre 1943, Ruth retourne à Paris, où France l’héberge et lui offre un emploi comme professeure d’anglais et d’allemand dans son institut.

    Anne-Catherine Ardouin-Brauman doit également la vie au courage de France. Quelques jours avant la Libération, l’allée bordée d’arbres menant au château est mitraillée par des avions britanniques ; la grange prend feu et les jeunes aident les pompiers à maîtriser l’incendie. Soudain, des soldats allemands surgissent des buissons et exigent les papiers d’identité. Les enfants, terrifiés, se mettent à chanter des cantiques protestants. Cela apaise les soldats, qui s’éloignent. Trois jours plus tard, les Américains arrivent : la guerre est terminée.

    Anne-Catherine est intégrée à l’institut à la rentrée de Pâques 1944 et témoignera plus tard de la compassion de toute la famille Durrleman.

     

    Le 20 juin 2023, Yad Vashem – Institut international pour la mémoire de la Shoah – a décerné à France Durrleman Dressen le titre de Juste parmi les Nations.




    Mis à jour il y a 3 semaines.