L'histoire

Lejzer Morgensztern et son épouse Michla font partie de la vague d’immigration polonaise du début des années 30. Ils s’installent à Paris, au 85 rue de Piréxécourt dans le XXeme arrondissement. Lejzer exerce la profession de tailleur et le couple élève leurs 4 enfants. 

Dès le début de 1941, Lejzer est interné à Beaune-la-Rolande et déporté dans plusieurs camps de la mort dont Auschwitz. Il sera libéré de Bergen-Belsen.  Arrêtés lors de la rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 1942, Michla et ses enfants doivent leur survie à une relation de la fille aînée, Cécile qui parvient à les faire sortir du Vélodrome. Pris en charge par une organisation juive les enfants sont regroupés et envoyés à La Garnache en Vendée.   

Là vit, le Marquis Armand de Baudry d’Asson et son épouse Madeleine et leurs 5 enfants. C’est une des plus vieilles familles de l’aristocratie vendéenne. Armand, dont la famille possède le château de Fonteclose, est un grand propriétaire foncier. Il gère une propriété de 100 hectares. Cet enracinement local le conduit tout naturellement à militer dans les rangs de l’action française et il est élu conseiller municipal et premier adjoint au maire de la Garnache en 1935. En 1941 il en devient le  maire. Il déploie une grande activité anti-allemande pendant l’occupation et sera déporté au camp de Neuengamme en Allemagne en juin 1944.  

La Marquise de Baudry d’Asson successivement membre puis Vice-présidente du Bureau National poursuit son action catholique, elle repère Jeannette 13 ans. Les enfants sont tous assis dans une salle et les grandes personnes choisissent des enfants. Jeannette ne veut pas être séparée de son frère Henri 11 ans. Ils arrivent donc tous les deux chez les Baudry fin juillet 42.  Jeannette et son frère vont aller à l’école et vont vivre libres dans cette immense propriété et aucune différence n’est faite entre tous les enfants. 

Cette famille vendéenne de haut lignage est engagée dans la Résistance. Le frère de la Marquise, rejoint le Général de Gaulle à Londres avant de devenir plus tard Secrétaire Général de l’Elysée. 

Sous la menace d’une arrestation imminente par la Gestapo, courant 43, les enfants Morgensztern vont être contraints par sécurité de quitter le Château de Fonteclose et rejoindre Paris puis la Normandie « au pin la Garenne » jusqu’à la Libération. 

Ils sont d’abord accueillis dans une ferme puis Michla parviendra à louer une pièce dans une maisonnette jusqu’à la libération. 

Des relations affectueuses ont toujours perduré. 

En juin 2025, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Armand et Madeleine de Baudry d’Asson, le titre de Juste parmi les Nations.