Dossier n°14501 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Charlotte (Rietjens) Bayle

Année de nomination : 2025
Date de naissance : 15/05/1899
Date de décès : 21/12/1991
Profession : Employée de maison
    Localisation Ville : Grenoble (38000)
    Département : Isère
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Charlotte Bayle

    Mathieu Weil, né à Strasbourg en 1894, est négociant en cuirs et peaux avant la guerre. Son épouse, Odette, née en 1907, est la fille de Giacomo Tedesco, célèbre marchand d’art (Galerie Tedesco Frères, avenue de l’Opéra à Paris), issu d’une famille juive de Francfort ayant vécu à Venise avant de s’installer en France. Une famille bourgeoise, religieuse et républicaine, ayant notamment cofondé la synagogue de la rue Montevideo dans le XVIe arrondissement de Paris.

    Leur employée de maison, Charlotte Bayle, connaît cette famille depuis six générations. Elle est considérée comme un membre à part entière de la famille. Elle a commencé à travailler à l’âge de 14 ans. Issue d’un milieu très modeste, son mari est décédé des suites de la guerre de 14-18. Elle a toujours vécu seule, partageant son temps entre la famille Weil-Tedesco et sa paroisse de Saint-Roch à Paris.

    Dès 1940, Mathieu, son épouse, leur fille Nadine née en 1930, la grand-mère maternelle Henriette Lang, ainsi que Charlotte Bayle fuient Paris. Ils entament alors un long périple à travers la France, séjournant de quelques jours à plusieurs années dans certains lieux : Annay, Bordeaux, Arcachon, Salles, Sarliac, Aix-en-Provence, Cassis, Marseille, Grenoble, Autrans et Villard-de-Lans.

    À Grenoble, ils s’installent dans un hôtel situé allée des Genêts.

    Un matin, la Gestapo frappe à la porte à la recherche de Mathieu Weil et de sa famille. Celui-ci, souffrant de la typhoïde, est alité dans une pièce attenante. Au péril de sa vie, Charlotte Bayle entrouvre la porte et explique que la famille a quitté les lieux trois jours plus tôt.
    Nul doute que, sans son courage et son audace, toute la famille aurait été arrêtée. Quant à elle, pour avoir menti, elle aurait risqué le même sort. Elle a toujours porté une immense affection à sa famille de cœur. Charlotte a été pour Nadine, une seconde mère, une confidente.

    Au-delà de cet épisode, tout au long de la guerre, Charlotte accompagne cette famille juive traquée e tvouée à une mort certaine à travers toute la France, allant jusqu’à leur procurer de faux papiers au nom de Warnier.

    Elle effectue également, à de nombreuses reprises, des allers-retours en train entre Paris et la zone libre pour sauver des tableaux et objets précieux.

    Après la guerre, Mathieu l’aide à acquérir un petit appartement rue Saint-Roch à Paris, où elle réside jusqu’à son décès en 1991.

    Nadine témoignera au sujet de Charlotte : « Une femme simple, profondément croyante, d’une grande humanité. »

     

    En juillet 2025, Yad Vashem, Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Charlotte Bayle le titre de Juste parmi les Nations.




    Mis à jour il y a 3 semaines.