Dossier n°1484F - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Suzanne Bourlat

Année de nomination : 1979
Date de naissance : 05/08/1890
Date de décès : //
Profession : Assistante sociale
    Localisation Ville : Poitiers (86000)
    Département : Vienne
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    Personnes sauvées

    Lieu porteur de mémoire

    Cérémonies

    L'histoire

    En avril 1944, une femme accompagnée d’une fillette arriva à la gare de Poitiers et se dirigea vers le bureau du chef de gare. Suzanne Bourlat était assistante sociale et l’enfant était Ida Kerzenblatt, une petite juive parisienne de sept ans fuyant les Allemands. Bien connue à Poitiers, Suzanne craignait que d’aucuns s’interrogent sur la présence de l’enfant aussi voulait-elle l’aide du chef de gare. La situation était d’autant plus dangereuse que l’appartement de l’assistante sociale était en face du quartier général de la Gestapo à Poitiers. Ce jour là, Suzanne s’apprêtait à accompagner Ida, en train, vers une nouvelle cachette, dans un village plus au sud. Le père Jean Fleury (q.v.), un prêtre catholique, présidait la commission d’assistance sociale des réseaux de résistance du département de la Vienne. Il connaissait bien Suzanne et sa collègue, Aline Peltier (q.v), toutes deux affectées à l’hôpital de Poitiers spécialisé dans les affections pulmonaires. Dans sa déposition après la guerre, le prêtre rapporte que les deux femmes participaient au transfert clandestin d’enfants juifs vers des cachettes sûres. « Elles plaçaient les uns et les autres chez des nourrices avec de fausses cartes d’identité. Elles leur avaient recommandé de ne pas répondre aux questions qu’on leur poserait le cas échéant, mais, de dire simplement de s’adresser à l’assistante qui les avait placés. Ils étaient considérés comme des enfants de l’Assistance Publique. » L’activité de Suzanne Bourlat en faveur des enfants juifs ne prit pas fin avec la Libération. Elle raccompagna personnellement à Paris un groupe de trente-deux enfants, placés par sa collègue Aline Peltier dans des familles d’accueil. Le voyage fut difficile et interrompu par de nombreux incidents. A Paris, Suzanne remit un certain nombre d’enfants à leurs parents et les autres à l’OSE (Organisation de Secours aux Enfants). Ida Kerzenblatt émigra en Australie après la guerre. Toutefois elle revint en France dans les années soixante-dix rendre visite à celle qui l’avait sauvée. A Yad Vashem qui venait de lui conférer le titre de Juste des Nations en 1979, Suzanne Bourlat, alors âgée de 79 ans écrivit sa joie et son regret – joie d’avoir pu sauver des Juifs, regret de ne pas en avoir sauvé davantage.

    Le 18 juin 1979, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Suzanne Bourlat, le titre de Juste parmi les Nations.