Dossier n°1670 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

L'histoire

Jean Jousselin habite Paris ; pasteur protestant, il s’occupe d’œuvres sociales. Après l’armistice, il est chargé par les autorités de Vichy de mettre sur pied des centres pour jeunes dans les parties de la zone occupée qui ont été bombardées. Sous le couvert de ces activités, il vient en aide aux Juifs persécutés. Il leur procure de faux papiers et peut ainsi leur donner du travail dans les centres. En 1941, accusé de fraterniser ouvertement avec les Juifs et de soutenir le général de Gaulle, il perd son poste. Lui et sa famille s’installent à Versailles en 1942. La communauté protestante de Paris fait appel à lui pour prendre la direction de la Maison Verte, qui organise, des activités éducatives pour les jeunes. Conscient de la situation difficile dans laquelle se trouvent les Juifs du quartier, le pasteur décide de permettre aux enfants juifs de participer aux activités du centre.  De nombreux enfants juifs viennent donc après l’école pour du soutien scolaire ou toutes sortes d’activités. En 1943, la persécution s’intensifiant, de nombreux Juifs du quartier, décident de faire confiance au pasteur, et lui demandent d’admettre leurs enfants à « Cappy », la colonie de vacances de la communauté protestante qu’il organise à Verberie (Oise).  Cette grande propriété avait été offerte par le gouvernement américain en 1922. Les éclaireurs unionistes et les éclaireurs de France en deviennent les propriétaires par la suite. En 1943 ils la mettent gracieusement à la disposition du pasteur Jousselin pour sa colonie de vacances.

Jean Jousselin donna asile à des dizaines d’enfants juifs auxquels il procure de faux papiers. Grâce à ses contacts dans la Résistance, le pasteur est informé des rafles en préparation et en avertit les Juifs. Devant la gravité de la situation, il décide de faire de la colonie de Cappy un home permanent pour enfants. Il met sur pied le Conseil des colonies de vacances protestantes, de sorte à obtenir les autorisations nécessaires et des allocations de nourriture. Il se préoccupe également de faire admettre les enfants juifs dans les établissements scolaires de Verberie, afin de leur permettre de poursuivre leurs études.  La colonie démarre dès juin 1943. Les enfants et les encadrants partent de la gare du Nord pour Creil, puis pour une petite gare à côté de Verberie et sont ensuite acheminés par une charrette jusqu’à la propriété. Malgré la grande influence qu’il exerce sur ces enfants, il ne cherche jamais à les convertir.  Quand approche la fin de l’été, les parents inquiets de la situation demande au pasteur Jousselin s’il est possible de prolonger la colonie. Il accepte pour les protéger et leur permettre d’avoir une alimentation correcte et la colonie se transforme donc en Maison d’enfants. En 44 il héberge environ 125 enfants dont 87 juifs.

Simon Lewkowicz, l’un des 87 enfants juifs hébergés à Cappy, témoigne après la guerre que lorsqu’il s’adressait à Jean Jousselin pour lui faire part de son désir de devenir pasteur et de faire les études nécessaires, ce dernier lui a répondu qu’il ne pourrait envisager cette requête qu’après la Libération. Pendant toute la durée de l’Occupation, le pasteur se dévoue sans compter, ne cherchant jamais la moindre contrepartie et ne se préoccupant jamais de savoir si les parents de ses jeunes protégés juifs étaient en mesure de payer pour leur entretien. En juin 1944, soupçonné par les autorités d’occupation d’avoir aidé plusieurs familles juives à quitter clandestinement Paris, le pasteur a dû s’enfuir. Il va se réfugier à Cappy. A la Libération, il rentre dans la capitale avec les enfants, qui retournent dans leurs familles. Ceux dont les parents ont été déportés sont confiés à des organisations juives. Après la guerre, le pasteur continue, de longues années durant, à apporter son aide aux réfugiés installés en France.

Le 21 février 1980, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné au pasteur Jean Jousselin, le titre de Juste parmi les Nations.




Mis à jour il y a 3 semaines.