Dossier n°178 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Jean Deffaugt

Année de nomination : 1965
Date de naissance : 31/05/1896
Date de décès : 01/07/1970
Profession : Maire
    Localisation Ville : Annemasse (74100)
    Département : Haute-Savoie
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Le 31 mai 1944, un groupe de Juifs qui tentaient de passer en Suisse fut arrêté près d’Annemasse en Haute-Savoie. Il comptait vingt-huit enfants et adolescents – garçons et filles- âgés de quatre à seize ans, encadrés par une jeune convoyeuse clandestine, Marianne Cohn. Tous furent emprisonnés à l’hôtel Pax, qui avait été transformé en prison par les Allemands. Prévenu par ses contacts dans la clandestinité, Jean Deffaugt, maire d’Annemasse, se présenta à l’hôtel et après une longue discussion réussit, à force de courage et de ruse, à convaincre le commandant de la Gestapo de laisser partir les plus jeunes prisonniers, les enfants âgés de quatre à onze ans. Le maire s’étant engagé, à la demande des Allemands, à les ramener sur simple demande, il obtint la mise en liberté de 17 enfants. Jean Deffaugt mit au point une opération complexe grâce à laquelle chacun des petits trouva un asile sûr. Il avait fait une telle impression sur le commandant de la Gestapo que ce dernier lui délivra une autorisation de visite à tous les prisonniers. A chacune de ses visites, Jean Deffaugt apportait de la nourriture, des médicaments, des couvertures et autres objets de première nécessité aux juifs emprisonnés. Il allait voir ceux qui étaient en attente de déportation, leur donnait à manger, pansait leurs plaies et les réconfortait de son mieux. Le maire et sa femme savaient qu’ils étaient tous deux en danger. Après la guerre il reconnut franchement : « J’ai eu peur, je le confesse. Je n’ai jamais monté l’escalier de la Gestapo sans faire un signe de croix, ni dire une prière. » Onze adolescents étaient restés à l’hôtel Pax – cinq garçons et six filles – avec Marianne Cohn. Tous les jours, l’on voyait ce groupe marcher dans la rue, en chemin vers les différentes tâches que leurs geôliers leur assignaient. Le réseau juif clandestin auquel appartenait Marianne mit au point un plan pour la sauver : on mettrait à profit ces déplacements, une voiture l’attendrait à un coin de rue. Prévenue par le maire, la jeune fille refusa : sa mission était de s’occuper des enfants, et il n’était pas question de les abandonner, d’autant que les Allemands risquaient de se venger sur eux de sa fuite. Elle savait pourtant que ses chances de survie étaient bien minces. N’avait-elle pas déclaré courageusement à ses interrogateurs qu’elle avait sauvé plus de deux cent enfants et qu’elle continuerait à le faire si elle était libre?

    Dans la nuit du 8 juillet 1944, Marianne Cohn fut kidnappée dans la prison et assassinée, dans des conditions atroces, par la milice française. Elle avait vingt ans. Quelques jours plus tard, le commandant de la Gestapo à Annemasse avertit le maire que les enfants allaient devoir « disparaître » car la prison était surpeuplée. Une fois encore, Jean Deffaugt réussit à le convaincre de lui remettre ses protégés, s’engageant  à les ramener sur simple demande… Le dernier dimanche de juillet, les onze adolescents partirent rejoindre les autres enfants. Annemasse fut libérée le 18 août; tous les enfants furent transférés à Genève et pris en charge par des organisations juives. Vingt ans plus tard, Jean Deffaugt conservait le contact avec la plupart d’entre eux : ils lui écrivaient d’Alsace, d’Angleterre et d’Israël, des lettres émouvantes où les survivants évoquaient souvent le souvenir de Marianne Cohn, qui avait donné sa vie pour eux.

    Le 19 octobre 1965, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Jean Deffaugt le titre de Juste parmi les Nations. 




    Mis à jour il y a 8 mois.