Les Justes
Louis Favre
Année de nomination : 1986Date de naissance : 01/01/1910
Date de décès : 16/07/1944
Profession : Prêtre, enseignant au collège catholique
Département : Haute-Savoie
Région : Auvergne-Rhône-Alpes
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
Entré dans les Ordres en 1936, le père Favre vivait à Ville-la-Grand, en Haute-Savoie, sur la frontière suisse. Cet homme cultivé, épris d’art et de musique, enseignait au collège catholique du Juvénat. Lorsque la guerre éclata, il fut mobilisé. Rentré chez lui après l’armistice, il créa un réseau clandestin qui recueillait des renseignements pour les groupes de résistants de la région mais aussi pour le bureau allié du renseignement, situé de l’autre côté de la frontière. Il aidait aussi Juifs et combattants de la Résistance à passer clandestinement en Suisse. Plus tard, il fit de même avec des aviateurs alliés dont l’appareil avait été abattu et qui cherchaient à quitter la France. Il était le moteur de toute l’opération, mais n’agissait pas seul : il était assisté par quatre autres prêtres qui enseignaient eux aussi au Juvénat, et notamment les pères Boccard (q.v) et Pernoud (q.v). Ce groupe de cinq religieux sauva des centaines de personnes, dont de nombreux Juifs. En septembre 1942, le père Favre accueillit chaleureusement deux réfugiés juifs polonais : David Bar-Stav et sa femme. Il les fit monter au dernier étage de l’école, d’où l’on voyait très bien la frontière suisse, et, après leur avoir expliqué quand et comment s’effectuait la relève de la garde, leur montra comment franchir la frontière. Suivant ses instructions à la lettre, le couple put passer sans encombre en Suisse. Le jour vint où un mouchard dénonça le religieux aux Allemands. Le 3 février 1944, des troupes allemandes encerclèrent l’école. Louis Favre trouva refuge dans le débarras d’un autre prêtre. Pendant ce temps, les Allemands saccageaient sa cellule et interrogeaient tous ceux qu’ils apercevaient. Les interrogatoires devinrent de plus en plus brutaux; finalement le père Louis Favre décida de sortir de sa cachette et de se rendre, afin de ne pas mettre les autres prêtres en danger. Le 16 juillet 1944, après des semaines de torture, les Allemands l’entraînèrent dans la forêt avec sept autres prisonniers et le fusillèrent. Il avait trente-quatre ans. Les Allemands avaient prononcé la fermeture du Juvénat après leur descente en février dans l’établissement.
Le 6 novembre 1986, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah, a décerné au père Louis Favre, le titre de Juste parmi les Nations.