Dossier n°2008C - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages. Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1981

Bernard Clerc

Année de nomination : 1981
Date de naissance : 15/06/1910
Date de décés : 30/12/1974
Profession : frère mariste, fondateur de l’ordre mariste, enseignant

Localisation Ville : Budapest ()
Département :
Région :

L'histoire

Bernard Clerc et Jean-Baptiste Bonetbeltz, frères français de l’Ordre des Maristes, prisonniers de guerre en Allemagne, s’Ă©taient Ă©vadĂ©s et avaient rejoint l’Ă©cole française Champagnat Ă  Budapest. Fondation de l’Ordre mariste, l’Ă©cole Ă©tait dirigĂ©e par le frère Albert Pfleger (q.v.). Les deux moines s’intĂ©grèrent Ă  l’Ă©quipe des enseignants. Mais par suite de l’occupation allemande le 19 mars 1944 et des bombardements aĂ©riens sur Budapest, les Ă©coles furent fermĂ©es y compris celle du monastère mariste. Des prisonniers français Ă©vadĂ©s et des dĂ©serteurs de l’armĂ©e allemande, dont des Alsaciens et des Lorrains, y trouvèrent abri. Après la prise du pouvoir le 15 octobre 1944 par le mouvement fasciste des Croix-FlĂ©chĂ©es, Budapest connut la terreur. Les Juifs Ă©taient massacrĂ©s dans la rue et dans leurs foyers; des milliers d’entre eux furent expulsĂ©s en Autriche et le reste – cent mille environ – enfermĂ©s dans un ghetto dans des conditions Ă©pouvantables. Des bandes d’assassins couraient les rues; prĂŞter assistance Ă  des Juifs devint extrĂŞmement dangereux. Mais les frères Clerc et Bonetbeltz, ainsi que les autres moines de leur ordre ouvrirent les portes de leur monastère Ă  des Juifs et des non-Juifs. L’endroit Ă©tait surpeuplĂ©; pourtant une centaine d’enfants juifs et une cinquantaine d’adultes – parents ou grands-parents des enfants – y trouvèrent refuge. Afin d’en sauver le plus grand nombre, les frères mirent leurs cellules Ă  la disposition des rĂ©fugiĂ©s et s’en allèrent dormir dans les couloirs et partout oĂą ils le pouvaient. Non contents de fournir vivres et logement, les frères procurèrent Ă  leurs protĂ©gĂ©s de faux papiers de la Croix-rouge suĂ©doise. En cachant un aussi grand nombre de rĂ©fugiĂ©s dans un monastère situĂ© au beau milieu de Pest, les frères couraient d’énormes dangers. Lorsque des gens bien intentionnĂ©s les mettaient en garde, ils rĂ©pliquaient « Si on vient arrĂŞter les rĂ©fugiĂ©s, nous irons en prison avec eux. » Le 19 dĂ©cembre 1944, la Gestapo fit une descente au monastère et arrĂŞta tous ceux qui s’y trouvaient, y compris les huit frères dont les frères Clerc et Bonetbeltz. TorturĂ©s, affamĂ©s, en proie Ă  la maladie dans leur prison, les moines refusèrent avec un grand courage de rĂ©vĂ©ler qui, parmi leurs protĂ©gĂ©s, Ă©tait juif. De nombreux Juifs leurs doivent la vie. Quant Ă  eux, ils furent sauvĂ©s grâce Ă  un incendie qui Ă©clata au ministère de l’IntĂ©rieur oĂą ils Ă©taient dĂ©tenus, et qui mit en fuite leurs bourreaux.

Le 26 février 1981, Yad Vashem a décerné aux frères Bernard Clerc et Jean-Baptiste Bonetbeltz le titre de Juste des Nations. 

Le témoignage

Frères Bernard CLERC & Jean-Baptiste BONNETBELZ –
 

Ces deux religieux français, membres de l’ordre des Maristes, prisonniers de guerre en Allemagne après la dĂ©faite, s’Ă©vadèrent et parvinrent Ă  rejoindre l’Ă©cole française de Champagnat Ă  Budapest. Cette Institution, appartenant Ă  l’ordre des Maristes, Ă©tait gĂ©rĂ©e par le Frère Albert Pfleger ; les deux religieux français rejoignirent l’Ă©quipe enseignante.
 
La Hongrie fut envahie par les nazis le 19 mars 1944 et, après un bombardement aĂ©rien, les Ă©coles furent fermĂ©es ; il en fut de mĂŞme pour celle gĂ©rĂ©e par le couvent des Maristes.  Des prisonniers français Ă©vadĂ©s, des dĂ©serteurs de l’armĂ©e allemande ainsi que des « malgrĂ©-nous » (enrĂ´lĂ©s de force) d d’Alsace-Lorraine purent y trouver refuge.
 
Le 15 octobre 1944, le pouvoir tomba aux mains des fascistes hongrois des Croix FlĂ©chĂ©es ; dĂ©buta alors un rĂ©gime de terreur. Les juifs furent massacrĂ©s dans les rues et dans leurs maisons ; des milliers d’entre eux furent exilĂ©s en Autriche et les autres, environ 100.000, furent regroupĂ©s dans un ghetto oĂą les conditions de vie Ă©taient atroces. Des bandes de meurtriers rodaient dans les rues et toute activitĂ© pour le compte des juifs Ă©tait extrĂŞmement dangereuse.
 
Cependant, les Frères Clerc et Bonnetbelz, ainsi que d’autres membres de leur communautĂ©, ouvrirent les portes de leur monastère aux juifs et non juifs pourchassĂ©s. Les lieux servirent de refuge Ă  environ une centaine d’enfants juifs et une cinquantaine d’adultes parmi les parents et grands-parents. Le monastère ayant dĂ©passĂ© sa capacitĂ© d’accueil, les Maristes mirent leurs chambres Ă  la disposition des rĂ©fugiĂ©s et dormirent dans les couloirs, afin de parvenir Ă  sauver le maximum possible de rĂ©fugiĂ©s. Non seulement, ils assurèrent le gĂ®te et le couvert mais aussi, grâce Ă  la Croix-Rouge suĂ©doise, ils parvinrent Ă  obtenir des faux papiers.
 
En cachant un si grand nombre de rĂ©fugiĂ©s dans un couvent situĂ© en plein cĹ“ur du quartier de Pest, les Frères se placèrent dans des conditions de danger extrĂŞme. A ceux qui leur parlaient des consĂ©quences possibles de leurs actions, ils rĂ©pondaient : « s’ils viennent arrĂŞter les rĂ©fugiĂ©s, nous irons en prison avec eux ».
 
Le 19 dĂ©cembre 1944, les SS vinrent arrĂŞter tous les rĂ©fugiĂ©s cachĂ©s, ainsi que huit Maristes, parmi lesquels les Frères Clerc et Bonnetbelz. TorturĂ©s, affamĂ©s et malades dans leur prison, les Frères, avec un immense courage, refusèrent de rĂ©vĂ©ler lesquels de leurs protĂ©gĂ©s Ă©taient juifs. Beaucoup de juifs furent ainsi sauvĂ©s grâce Ă  l’hĂ©roĂŻsme des Frères Maristes, qui furent eux-mĂŞmes sauvĂ©s grâce Ă  un incendie qui Ă©clata au Ministère de l’IntĂ©rieur oĂą ils Ă©taient tous dĂ©tenus, incendie obligeant leurs bourreaux Ă  s’enfuir.
 
Le 26 février 1981, les Frères Bernard Clerc et Jean-Baptiste Bonnetbelz furent reconnus par Yad Vashem Justes parmi les Nations.

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