Les Justes
Année de nomination : 1981Bernard Clerc
Année de nomination : 1981Date de naissance : 15/06/1910
Date de décés : 30/12/1974
Profession : frère mariste, fondateur de l’ordre mariste, enseignant
DĂ©partement : –
RĂ©gion : –
L'histoire
Bernard Clerc et Jean-Baptiste Bonetbeltz, frères français de l’Ordre des Maristes, prisonniers de guerre en Allemagne, s’Ă©taient Ă©vadĂ©s et avaient rejoint l’Ă©cole française Champagnat Ă Budapest. Fondation de l’Ordre mariste, l’Ă©cole Ă©tait dirigĂ©e par le frère Albert Pfleger (q.v.). Les deux moines s’intĂ©grèrent Ă l’Ă©quipe des enseignants. Mais par suite de l’occupation allemande le 19 mars 1944 et des bombardements aĂ©riens sur Budapest, les Ă©coles furent fermĂ©es y compris celle du monastère mariste. Des prisonniers français Ă©vadĂ©s et des dĂ©serteurs de l’armĂ©e allemande, dont des Alsaciens et des Lorrains, y trouvèrent abri. Après la prise du pouvoir le 15 octobre 1944 par le mouvement fasciste des Croix-FlĂ©chĂ©es, Budapest connut la terreur. Les Juifs Ă©taient massacrĂ©s dans la rue et dans leurs foyers; des milliers d’entre eux furent expulsĂ©s en Autriche et le reste – cent mille environ – enfermĂ©s dans un ghetto dans des conditions Ă©pouvantables. Des bandes d’assassins couraient les rues; prĂŞter assistance Ă des Juifs devint extrĂŞmement dangereux. Mais les frères Clerc et Bonetbeltz, ainsi que les autres moines de leur ordre ouvrirent les portes de leur monastère Ă des Juifs et des non-Juifs. L’endroit Ă©tait surpeuplĂ©; pourtant une centaine d’enfants juifs et une cinquantaine d’adultes – parents ou grands-parents des enfants – y trouvèrent refuge. Afin d’en sauver le plus grand nombre, les frères mirent leurs cellules Ă la disposition des rĂ©fugiĂ©s et s’en allèrent dormir dans les couloirs et partout oĂą ils le pouvaient. Non contents de fournir vivres et logement, les frères procurèrent Ă leurs protĂ©gĂ©s de faux papiers de la Croix-rouge suĂ©doise. En cachant un aussi grand nombre de rĂ©fugiĂ©s dans un monastère situĂ© au beau milieu de Pest, les frères couraient d’énormes dangers. Lorsque des gens bien intentionnĂ©s les mettaient en garde, ils rĂ©pliquaient « Si on vient arrĂŞter les rĂ©fugiĂ©s, nous irons en prison avec eux. » Le 19 dĂ©cembre 1944, la Gestapo fit une descente au monastère et arrĂŞta tous ceux qui s’y trouvaient, y compris les huit frères dont les frères Clerc et Bonetbeltz. TorturĂ©s, affamĂ©s, en proie Ă la maladie dans leur prison, les moines refusèrent avec un grand courage de rĂ©vĂ©ler qui, parmi leurs protĂ©gĂ©s, Ă©tait juif. De nombreux Juifs leurs doivent la vie. Quant Ă eux, ils furent sauvĂ©s grâce Ă un incendie qui Ă©clata au ministère de l’IntĂ©rieur oĂą ils Ă©taient dĂ©tenus, et qui mit en fuite leurs bourreaux.
Le 26 fĂ©vrier 1981, Yad Vashem a dĂ©cernĂ© aux frères Bernard Clerc et Jean-Baptiste Bonetbeltz le titre de Juste des Nations.Â
Le témoignage
Frères Bernard CLERC & Jean-Baptiste BONNETBELZ –
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Ces deux religieux français, membres de l’ordre des Maristes, prisonniers de guerre en Allemagne après la dĂ©faite, s’Ă©vadèrent et parvinrent Ă rejoindre l’Ă©cole française de Champagnat Ă Budapest. Cette Institution, appartenant Ă l’ordre des Maristes, Ă©tait gĂ©rĂ©e par le Frère Albert Pfleger ; les deux religieux français rejoignirent l’Ă©quipe enseignante.
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La Hongrie fut envahie par les nazis le 19 mars 1944 et, après un bombardement aĂ©rien, les Ă©coles furent fermĂ©es ; il en fut de mĂŞme pour celle gĂ©rĂ©e par le couvent des Maristes. Des prisonniers français Ă©vadĂ©s, des dĂ©serteurs de l’armĂ©e allemande ainsi que des « malgrĂ©-nous » (enrĂ´lĂ©s de force) d d’Alsace-Lorraine purent y trouver refuge.
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Le 15 octobre 1944, le pouvoir tomba aux mains des fascistes hongrois des Croix FlĂ©chĂ©es ; dĂ©buta alors un rĂ©gime de terreur. Les juifs furent massacrĂ©s dans les rues et dans leurs maisons ; des milliers d’entre eux furent exilĂ©s en Autriche et les autres, environ 100.000, furent regroupĂ©s dans un ghetto oĂą les conditions de vie Ă©taient atroces. Des bandes de meurtriers rodaient dans les rues et toute activitĂ© pour le compte des juifs Ă©tait extrĂŞmement dangereuse.
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Cependant, les Frères Clerc et Bonnetbelz, ainsi que d’autres membres de leur communautĂ©, ouvrirent les portes de leur monastère aux juifs et non juifs pourchassĂ©s. Les lieux servirent de refuge Ă environ une centaine d’enfants juifs et une cinquantaine d’adultes parmi les parents et grands-parents. Le monastère ayant dĂ©passĂ© sa capacitĂ© d’accueil, les Maristes mirent leurs chambres Ă la disposition des rĂ©fugiĂ©s et dormirent dans les couloirs, afin de parvenir Ă sauver le maximum possible de rĂ©fugiĂ©s. Non seulement, ils assurèrent le gĂ®te et le couvert mais aussi, grâce Ă la Croix-Rouge suĂ©doise, ils parvinrent Ă obtenir des faux papiers.
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En cachant un si grand nombre de rĂ©fugiĂ©s dans un couvent situĂ© en plein cĹ“ur du quartier de Pest, les Frères se placèrent dans des conditions de danger extrĂŞme. A ceux qui leur parlaient des consĂ©quences possibles de leurs actions, ils rĂ©pondaient : « s’ils viennent arrĂŞter les rĂ©fugiĂ©s, nous irons en prison avec eux ».
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Le 19 dĂ©cembre 1944, les SS vinrent arrĂŞter tous les rĂ©fugiĂ©s cachĂ©s, ainsi que huit Maristes, parmi lesquels les Frères Clerc et Bonnetbelz. TorturĂ©s, affamĂ©s et malades dans leur prison, les Frères, avec un immense courage, refusèrent de rĂ©vĂ©ler lesquels de leurs protĂ©gĂ©s Ă©taient juifs. Beaucoup de juifs furent ainsi sauvĂ©s grâce Ă l’hĂ©roĂŻsme des Frères Maristes, qui furent eux-mĂŞmes sauvĂ©s grâce Ă un incendie qui Ă©clata au Ministère de l’IntĂ©rieur oĂą ils Ă©taient tous dĂ©tenus, incendie obligeant leurs bourreaux Ă s’enfuir.
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Le 26 février 1981, les Frères Bernard Clerc et Jean-Baptiste Bonnetbelz furent reconnus par Yad Vashem Justes parmi les Nations.
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