Dossier n°2249 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marthe Lerme

Année de nomination : 1982
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Sans profession

Anne-Marie Mingat Lerme

Année de nomination : 1982
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Secrétaire de mairie
    Localisation Ville : Domène (38420)
    Département : Isère
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    Personnes sauvées

    L'histoire

    Anne-Marie Mingat

    Anne-Marie Mingat

    Anne-Marie Mingat vivait à Domène (Isère) avec son mari et sa mère, Marthe Lerme. La jeune femme, qui était la secrétaire de mairie, était chargée à ce titre d’émettre les cartes d’alimentation. Elle faisait aussi de la Résistance. Vers la fin de l’année 1942, Zisla Przedborski, réfugiée juive de Pologne, vint faire renouveler ses coupons d’alimentation et ceux de son mari et de sa fille de douze ans, Félicia. Anne-Marie l’écouta avec tant de sympathie que Zisla, prenant son courage à deux mains, lui demanda de cacher Félicia. Malgré les réticences de son mari qui ne souhaitait pas héberger une jeune Juive, Anne-Marie Mingat, qui avait alors 24 ans, accepta, avec le soutien de sa mère Marthe Lerme. Pour détourner les soupçons des voisins, la jeune femme présenta Félicia comme une nièce de Paris venue se réfugier à la campagne. Elle munit la fillette d’une fausse carte d’identité et d’une carte d’alimentation et l’inscrivit à l’école du village. Auparavant, elle lui avait expliqué que, pour sa propre sécurité, elle devait prendre une nouvelle identité tant que les choses ne seraient pas redevenues normales. C’est la raison pour laquelle elle lui enseigna les rudiments de la liturgie catholique, lui fit porter une croix en or au cou et lui donna un missel. Toujours dans le souci de ne pas attirer l’attention, la jeune femme, qui n’était pas pratiquante et n’avait pas l’habitude d’aller à la messe, prit soin d’aller à l’église les dimanches et jours de fête pendant toute la période où elle hébergea l’enfant. Toutefois elle ne cessait de lui dire que ce n’était que temporaire et qu’elle pourrait reprendre un jour sa propre identité et sa religion. Anne-Marie et sa mère ne ménagèrent pas leurs efforts pour que la fillette se sente bien : alors qu’elle faisait à pied toutes ses courses, elle acheta une bicyclette pour Félicia. Elle avait aussi trouvé une cachette pour ses parents, une maison abandonnée qu’elle faisait discrétement surveiller par des résistants pour la sécurité de ses protégés. Mais elle n’en informa pas l’enfant, pour ne pas la mettre en danger. Les Przedborski avaient également reçu de faux papiers d’identité. Ni Anne-Marie ni sa mère ne demandèrent jamais la moindre rétribution. Après la guerre, Félicia raconta qu’elle s’était tant attachée à Anne-Marie qu’elle avait beaucoup souffert de leur séparation à la Libération : « Quand mes parents sont venus me reprendre à la fin de la guerre, je ne savais pas de quel côté je devais aller, c’est-à-dire aller avec mes parents ou rester avec Anne-Marie. J’ai adoré Anne-Marie. Elle a été pour moi une vraie mère. Je lui dois tout, elle m’a sauvé la vie. » Plus tard Anne-Marie et son mari divorcérent. Elle fonda un autre foyer et s’établit dans une autre ville. Partis en Israël, les Przedborski perdirent le contact avec celle qui les avait sauvés et dont ils ignoraient le nouveau nom. Ce n’est qu’au bout de nombreuses années qu’ils arrivèrent à retrouver sa trace.

    Le 18 avril 1982, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Anne-Marie Mingat et Marthe Lerme le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Article de presse -Article de presse –