Dossier n°2337 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1982

Lucie-Berthe Morin

Année de nomination : 1982
Date de naissance : 18/10/1904
Date de décès : 04/10/1996
Profession : Concierge d’un petit hôtel dans le XX Arrondissement, femme de ménage
    Localisation Ville : Paris (75020)
    Département : Paris
    Région : Île-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    Lorsque la guerre éclata, Lucie Morin était la concierge d’un petit hôtel meublé situé rue de Pali-Kao, dans le 20ème arrondissement de Paris. Elle surveillait de sa loge du rez-de-chaussée les entrées et les sorties, mais faisait aussi le ménage chez certains des locataires, notamment chez les Kaminsky. Cette famille de Juifs polonais s’était établie à Paris en 1936, et le Dr. Zvi Kaminsky, devenu aveugle, habitait donc cet hôtel avec sa femme et leur fillette de trois ans. Lucie Morin savait que plusieurs autres locataires étaient également juifs. En juillet 1942, peu avant la grande rafle de Paris, la concierge, qui avait entendu des rumeurs sur les mesures en préparation, rassembla tous les Juifs de l’hôtel, une quinzaine de personnes au total. Elle les cacha dans une petite pièce située derrière le salon de la loge et poussa une grande armoire devant. Deux à trois fois par jour, elle déplaçait ce meuble pesant pour nourrir les fugitifs avec des aliments achetés au marché noir et leur apporter de l’eau. Pendant les trois jours et les trois nuits qui suivirent la rafle, la concierge, soutenant avoir une attestation du commissariat selon laquelle il n’y avait aucun Juif dans l’hôtel, ne laissa pas les policiers le fouiller. Quelques jours plus tard, le danger momentanément écarté, Lucie Morin laissa ses protégés sortir de la petite pièce. Ils décidèrent tous de se réfugier en zone sud à l’exception des Kaminsky, car l’aveugle et sa famille avaient peur de se lancer à l’aventure. Comme rester à l’hôtel eut été trop dangereux, la concierge les recueillit dans son propre appartement, situé à proximité. Ils y vécurent six mois. Pendant toute cette période elle se chargea de les ravitailler sans leur demander le moindre paiement, même pour la nourriture. Cependant, avertis qu’ils avaient été dénoncés, les Kaminsky durent prendre la fuite. Ils se réfugièrent non loin de Paris, à Argenteuil, dans un logement que Lucie leur avait trouvé. Elle quitta son emploi de concierge pour venir vivre près d’eux. L’enfant avait été placée en nourrice à Paris et Lucie allait régulièrement d’Argenteuil à Paris pour donner des nouvelles aux parents. Après la Libération, les Kaminsky restèrent d’abord en relation presque quotidienne avec celle qui les avait sauvés. Puis, vers la fin des années cinquante, ils émigrèrent en Israël et Lucie Morin déménagea. Ce n’est qu’au début des années quatre-vingt que le contact fut renoué, la fille des Kaminsky étant venue en France rechercher la femme courageuse à qui elle devait la vie.

    Le 26 juillet 1982, Yad Vashem a décerné à Lucie Berthe Morin le titre de Juste parmi les Nations.

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