Dossier n°235 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Lucien Bertrand

Année de nomination : 1968
Date de naissance : 29/09/1909
Date de décès : 08/02/1960
Profession : Boulanger

Agnès Bertrand

Année de nomination : 1968
Date de naissance : 16/12/1910
Date de décès : 31/07/2005
Profession : Boulangère
    Localisation Ville : Lagrasse (11220)
    Département : Aude
    Région : Occitanie

    L'histoire

    Lucien et Agnès Bertrand et leurs trois filles vivaient à Lagrasse, dans le département de l’Aude, en zone sud. Les Bertrand avaient une boulangerie, où Paula Niger achetait son pain. Cette jeune femme juive, venue se réfugier à Lagrasse début 1944, y avait loué une maison. Elle cachait, dans le grenier, un autre réfugié juif, Martin Tattmar. En mai 1944, Paula, terrifiée, vint à la boulangerie demander de l’aide à Agnès Bernard. Elle venait d’entendre que la Gestapo s’apprêtait à lancer une opération dans le village, pour arrêter les Juifs et les résistants. Elle espérait que la boulangère pourrait l’aider à trouver une cachette sûre dans un village voisin. Elle avait d’abord demandé assistance au médecin et au commandant de gendarmerie, mais l’un et l’autre avaient refusé. La boulangère, qui aimait bien Paula, promit d’en parler à son mari et dit à la jeune femme de revenir deux heures plus tard. Les Bertrand, après mûre réflexion, décidèrent de cacher Paula chez eux, dans une petite pièce au dessus du four de la boulangerie. Paula, émue aux larmes, commença par refuser : d’une part elle n’avait pas d’argent pour payer et de l’autre, il y avait Tattmar. Le boulanger déclara sans hésitation que le jeune homme était lui aussi le bienvenu; quand à l’argent, il n’en était pas question. Lui et sa femme se contenteraient de la satisfaction de l’avoir sauvée elle et son ami. Il insista uniquement sur le fait que la cachette devait restée secrète pour tous, même ses propres enfants. La boulangerie était toujours pleine de monde; si la chose était découverte, sa femme et ses filles seraient déportées et lui, fusillé sur la place du village. Tard dans la nuit, Paula Niger s’introduisit dans la maison des Bertrand et Martin Tattmar, déguisé en femme, la suivit peu après. Les Bertrand firent tout pour qu’ils se sentent aussi bien que possible. Évidemment, leurs filles, âgées de sept à onze ans, se rendirent compte qu’il se passait quelque chose. Les parents leur expliquèrent alors que deux personnes qui couraient un grave danger se cachaient dans la maison : c’était un secret qu’il ne fallait révéler à personne – pas même à des parents ou des amis. Les petites comprirent la situation et promirent de garder le silence. Paula et Martin restèrent plusieurs semaines dans la boulangerie. Toutefois ils durent la quittter précipitamment à la suite d’une soudaine visite de la Gestapo, et ils rentrèrent chez eux. Arrêté, le boulanger fut torturé mais ne parla pas. Remis en liberté, il continua à envoyer, par l’intermédiaire de ses filles, des colis de nourriture aux deux jeunes gens jusqu’à la Libération. Paula Niger et Martin Tattmar se marièrent à la fin de la guerre et émigrèrent aux Etats-Unis en 1953. Ils gardèrent le contact avec les Bertrand, qu’ils appelaient « les anges qui nous ont sauvés ».

    Le 29 juillet 1968, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Lucien et Agnès Bertrand le titre de Juste parmi les Nations. 

    Documents annexes

    Article de presse Article de presse
    Article de presse Article de presse
    Article de presse-Midi Libre du 08/03/1972Article de presse-Midi Libre du 08/03/1972