Dossier n°256 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Louise (Blazer) Blazer

Année de nomination : 1966
Date de naissance : 22/09/1891
Date de décès : 28/11/1966
Profession : Propriétaire d’une vaste propriété,
    Localisation Ville : Montbéliard (25200)
    Département : Doubs
    Région : Bourgogne-Franche-Comté

    L'histoire

    Lou et Robert Blazer à Chamonix, 1932

    Pendant l’Occupation, Louise Blazer, veuve d’une cinquantaine d’années et fille de général, vivait dans une vaste propriété à Montbéliard, dans le Doubs, en zone occupée. Dès l’arrivée des Allemands elle décida d’y abriter des fugitifs juifs. On la voyait souvent à la gare de Montbéliard, attendant des Juifs qu’elle ramenait chez elle. Dans son témoignage après la guerre, Judith Rowinsly raconta comment en juin 1940 elle avait été conduite dans la maison de Louise avec son mari et leurs sept enfants. Elle ajouta que la veuve avait offert l’hospitalité à des dizaines de Juifs persécutés, avec l’aide de son père qui était au courant de tout. Les réfugiés étaient invités à considérer la maison comme la leur; ils se servaient de la vaisselle et leurs enfants avaient accès au placard aux jouets… Il y avait parfois tant de monde que Louise Blazer, ayant laissé sa propre chambre à coucher aux réfugiés, en était réduite à dormir dans le couloir…. En dépit de l’importante présence allemande à Montbéliard comme dans ses environs, elle continuait à venir en aide aux Juifs sans se soucier des risques considérables qu’elle courait. Lorsqu’il n’y avait plus de place chez elle pour loger les fugitifs, elle en trouvait chez des amis. Le 22 février 1944, elle apprit que Pierre Kahn, un enfant juif de douze ans, avait été arrêté au cours des opérations entreprises par les Allemands pour ramasser les derniers Juifs encore en liberté. Elle se procura une attestation selon laquelle le jeune garçon était atteint de tuberculose. Puis, déguisée en déléguée de la Croix-Rouge, elle se rendit à la feldgendarmerie et informa les gendarmes que l’enfant était contagieux. Elle reçut alors un permis grâce auquel elle put transférer Pierre dans un hôpital. Elle vint le voir quotidiennement pendant les trois jours qu’il y resta. Il fut ensuite transféré dans un sanatorium à Palente, près de Besançon. Devenu pharmacien après la guerre, Pierre Kahn témoigna que Louise Blazer lui avait sauvé la vie. Au mépris des avertissements et de la montée des dangers, la veuve courageuse continua à sauver des vies. En novembre 1944, quelques jours avant la libération de la ville, Louise Blazer fut arrêtée par les Allemands et déportée à Dachau. Cette femme à la santé fragile réussit à tenir jusqu’à la libération du camp en avril 1945.

    Le 28 juillet 1966, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Louise Blazer le titre de Juste parmi les Nations.

     

    Articles annexes