Dossier n°264 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Aristides De Sousa Mendes

Année de nomination : 1966
Date de naissance : 19/07/1885
Date de décès : 03/04/1954
Profession : Consul Général du Portugal
    Localisation Ville : Bordeaux (33000)
    Département : Gironde
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Aristide DE SOUSA MENDES

    Aristides DE SOUSA MENDES

     

    Le Consul de Bordeaux Regards sur la Belgique et l’Europe au XXe siècle

    Diplomate portugais, Aristides de Sousa Mendes était en 1940 consul général de son pays à Bordeaux. Du fait de l’Occupation, des dizaines de milliers de réfugiés, dont de nombreux juifs, fuyaient les départements du nord et se pressaient sur les routes du sud, dans l’espoir de pouvoir quitter la France par les deux seules frontières restées ouvertes – celles d’Espagne et du Portugal – pour s’embarquer ensuite vers l’Amérique. Jusqu’au 10 mai 1940, le consulat de Bordeaux était habilité à délivrer des visas d’entrée pour le Portugal ou des visas de transit. Ce jour là, le gouvernement portugais interdit la délivrance de visas aux réfugiés. Cette mesure visait particulièrement les réfugiés juifs, qui virent la dernière porte de salut se refermer. Environ 30 000 réfugiés, dont un tiers de Juifs, se pressaient aux guichets du consulat de Bordeaux pour chercher à obtenir le précieux papier leur permettant de quitter la France. De Sousa Mendes, catholique pratiquant au grand cœur, décida d’aider les réfugiés au mépris des instructions de son gouvernement. Il reçut une délégation des réfugiés, animée par le rabbin Haïm Kruger, et promit de délivrer des visas de transit à tous ceux qui en avaient besoin, ajoutant que les personnes incapables de payer les recevraient gratuitement. Ensuite, il installa un bureau de fortune dans les locaux du consulat et, aidé de deux de ses fils et de plusieurs juifs qui attendaient, commença à délivrer des visas. Il resta à son poste trois jours et trois nuits, travaillant sans relâche, puis s’écroula, épuisé, après avoir émis le dernier visa. Des rumeurs concernant ses activités arrivèrent aux oreilles des autorités de Lisbonne, qui lui ordonnèrent de rentrer sans délai. Deux fonctionnaires furent envoyés pour le raccompagner au Portugal. En chemin, ils passèrent devant le consulat de Bayonne, où plusieurs centaines de réfugiés anxieux attendaient des visas, comme cela avait été le cas quelques jours plus tôt à Bordeaux. De Sousa Mendes entra au consulat et ordonna au consul, malgré ses protestations, de délivrer immédiatement des visas à tout le monde. Il tamponnait lui-même les documents, y ajoutant à la main la mention suivante : « Le gouvernement portugais demande au gouvernement espagnol de bien vouloir laisser passer le porteur de ce document sur le territoire espagnol; il s’agit d’un réfugié du conflit européen en route pour le Portugal. » Lorsque tous les réfugiés eurent reçu le précieux visa, Sousa Mendes les accompagna lui même à la frontière espagnole pour s’assurer qu’on les laissait bien entrer. A la suite de ces actions courageuses, le diplomate fut licencié par le ministère des Affaires étrangères du Portugal et se retrouva sans ressources, incapable de subvenir aux besoins de ses treize enfants. Pour expliquer ce qui l’avait poussé à agir, il déclara : « Alors que des milliers de Juifs ont souffert du fait d’un chrétien [Hitler], il est sûr qu’un chrétien peut souffrir pour tant de Juifs. » De Sousa Mendes mourut dans la misère en 1954; ce n’est qu’en 1988 que, sous la pression internationale et grâce aux efforts de ses enfants, il fut totalement réhabilité à titre posthume par son gouvernement.

    Le 18 octobre 1966, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah,  a décerné à Aristides de Sousa Mendes le titre de Juste parmi les Nations. 

     

    Enveloppe timbrée à l'effigie de Aristide

    Documents annexes

    Le Consul de Bordeaux

    Articles annexes




    Mis à jour il y a 12 mois.