Les Justes
Marie Fradet
Année de nomination : 1983Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Epicière
Département : Pyrénées-Atlantiques
Région : Nouvelle-Aquitaine
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
En 1939, Annie Jacob, une juive autrichienne qui vivait à Nuremberg où elle était employée au consulat de France, décida d’émigrer aux Etats-Unis avec sa mère. Les deux femmes se rendirent Paris, où elles attendirent l’arrivée de leur visa d’entrée aux Etats-Unis. En sa qualité d’ancienne employée du consulat de France à Nuremberg, Annie Jacob avait le droit de travailler en France. L’invasion allemande en juin 1940 vint bouleverser leurs plans. En tant que réfugiées juives, les deux femmes furent internées au camp de Gurs situé à quatre-vingt kilomètres environ de la frontière espagnole. Elles en furent libérées trois mois plus tard, mais assignées à résidence, sous le contrôle de la gendarmerie locale, à Nay, dans les Pyrénées Atlantiques, non loin de Pau. Il ne leur vint pas à l’idée de fuir, ou de ne pas se présenter à la gendarmerie. Les deux femmes vécurent très modestement et, munies de leurs cartes d’alimentation, faisaient leurs achats à l’épicerie tenue par Marie Fradet, une veuve qui habitait Nay avec son grand fils et sa fille. Lorsque en août 1942 commencèrent les arrestations massives de Juifs, Annie Jacob reçut l’ordre de se présenter à un point de rassemblement, d’où elle devait être envoyée, avec d’autres jeunes adultes, vers, leur dit-on, un « camp de travail ». Sa mère, qui avait 65 ans, n’était pas sur la liste mais décida de partir avec elle. La veille de leur déportation, elles allèrent prendre congé, en pleurant, de Marie Fradet. Au moment où elles sortaient, l’épicière les arrêta « Mon fils m’a dit, Maman, ne pourrais-tu pas garder ici ces deux femmes? Je vous en prie, venez chez moi ce soir, je vous cacherai. » Tard cette nuit là, Annie et sa mère arrivèrent chez elle, montèrent au grenier et passèrent la nuit assises sur des chaises pliantes. Le lendemain à l’aube elles entendirent des bruit de bottes dans la rue : les gendarmes venaient arrêter les étrangers qui ne s’étaient pas présentés à l’appel. Marie Fradet apporta de la nourriture aux réfugiées pendant plusieurs jours et finit par leur montrer un avis publié par la police dans la presse : toute personne coupable de cacher des Juifs sera exécutée. Ne voulant pas mettre en danger l’épicière et ses enfants, Mme Jacob et sa fille décidèrent de partir sans délai et de franchir la frontière espagnole. Marie Fradet les aida à trouver un guide prêt à les conduire en Espagne avec un groupe de réfugiés. Toutefois le passeur les abandonna en route et les deux femmes durent rebrousser chemin, errant de village en village et de ferme en ferme jusqu’à la fin de l’Occupation. Après la guerre, Mme Jacob et Marie Fradet moururent. Annie Jacob émigra aux Etats-Unis mais continua à correspondre avec Jeanne Tucat, la fille de Marie Fradet.
Le 27 septembre 1983, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Marie Fradet le titre de Juste parmi les Nations.