Dossier n°2900 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1984

Jeanine Hureau Tessier

Année de nomination : 1984
Date de naissance : 15/03/1922
Date de décès : //
Profession : 17 ans

Henri Tessier

Année de nomination : 1984
Date de naissance : 26/04/1890
Date de décès : 04/08/1976
Profession : maraîcher

Noémie Tessier Plantier

Année de nomination : 1984
Date de naissance : 08/03/1894
Date de décès : //
Profession : mère au foyer, mère de 6 enfants
    Localisation Ville : Pithiviers (45300)
    Département : Loiret
    Région : Centre-Val de Loire

    L'histoire

    Froim Polak et sa femme Malka, Juifs émigrés de Pologne, habitaient Paris avec leurs deux petits enfants. En 1941, Froim fut arrêté et interné au camp de Pithiviers (Loiret) avec les deux mille Juifs de 18 à 45 ans arrêtés à Paris, comme lui, lors de la rafle des 14 et 15 mai. De nombreux tziganes se trouvaient également dans le camp mais, à la différence des Juifs, ils pouvaient en sortir. Les femmes des prisonniers juifs, venues à Pithiviers, eurent beau manifester contre cette discrimination, la population locale resta indifférente. Au bout de quelques semaines, Malka apprit que son mari pourrait recouvrer sa liberté s’il trouvait du travail dans la région. Après avoir frappé à beaucoup de portes sans succès, elle s’adressa à Henri Tessier, qui était maraîcher, pour lui proposer les services de son mari. Les Tessier, qui avaient six enfants, n’étaient pas riches; ils vivaient dans l’arrière-pays de Pithiviers. Leur fils aîné était parti rallier la Résistance dans le sud de la France; Jeanine, la cadette, avait dix-sept ans. Henri Tessier commença par refuser. Sa maison était trop petite et sa famille trop nombreuse. Cependant, au bout de deux jours, il comprit que Malka ne réussirait pas à trouver autre chose pour son mari. Pris de pitié, il décida d’aider la jeune femme à sauver son mari et se rendit lui-même au camp de Pithiviers pour embaucher Froim en tant qu’ouvrier agricole. Cependant, deux semaines plus tard deux gardes du camp se présentèrent chez le maraîcher pour y ramener M. Polak. Henri Tessier, comprenant qu’un tel retour serait le prélude à la déportation et à la mort, déclara que son ouvrier était reparti deux jours plus tôt. Dès le départ des gardes, Henri conduisit précipitamment Froim chez sa vieille mère, qui avait plus de quatre-vingt ans. Il demeura caché sous son toit pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, le maraîcher aménagea chez lui une cachette spéciale avec une sortie sur le jardin et une fenêtre permettant de voir tous ceux qui s’approchaient. M. Polak y vécut pendant onze mois. En mars 1942, le bruit commença à courir dans le village que Tessier cachait un Juif. Il décida alors de transférer sans tarder son protégé chez son beau-frère, dans la Drôme, qui à l’époque n’était pas encore occupée. Sa fille Jeanine, déguisée en infirmière, y accompagna Polak, allongé sur une civière, à bord d’une ambulance dont le chauffeur avait été soudoyé. Un peu plus tard, elle mit la femme et les enfants de Froïm en sécurité de la même manière. Quelques mois après la grande rafle du Vel d’Hiv de juillet 1942, Jeanine alla à Paris chercher les deux soeurs de Malka. Elle accompagna encore cinq membres de la famille Polak et deux petits enfants vers des refuges sûrs. Tous ont survécu à l’Occupation. La protection des Tessier ne cessa pas avec la fin de la guerre : à la Libération, ils aidèrent Froim Polak et sa femme à redémarrer. Les deux familles restèrent liées par une amitié durable. Les Tessier avaient agi purement par générosité et par grandeur d’âme, sans attendre une quelconque rétribution.

    Le 14 mai 1984, Yad Vashem a décerné à Henri Tessier et à son épouse, ainsi qu’à leur fille Jeanine, le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    Jeannine TESSIER est une jeune fille de 17 ans à l’époque des faits. Elle habite Pithiviers avec ses parents et ses frères et sœurs. Ils sont maraîchers. La famille POLAK, d’origine polonaise, a deux filles de 2 et 4 ans. De mai 41 à juillet 42, l’Etat français a interné à Pithiviers des Juifs étrangers. Les internés pouvaient demander à travailler chez des cultivateurs. C’est ainsi que Mme POLAK rencontre M. TESSIER qui, par compassion, accepte d’embaucher M. POLAK. Un soir M. POLAK ne retourne pas au camp car M. TESSIER a été prévenu d’un départ de convoi prévu le lendemain. Il reste caché chez les TESSIER pendant plusieurs mois puis il est installé chez la mère de M. TESSIER, dans la Drôme. C’est encore Jeannine qui ira chercher Mme POLAK et ses enfants, restés à Paris, pour leur faire passer la ligne. Douze personnes de cette famille seront ainsi sauvées. Et Jeannine sauvera aussi deux autres personnes juives. Elle échappera souvent de peu à une arrestation.

    Après la guerre M. TESSIER prêtera même de l’argent à M. POLAK pour lui permettre de recommencer une nouvelle vie.

    Le 14 mai 1984, l’Institut YAD VASHEM a décerné la Médaille des Justes parmi les Nations à Jeannine TESSIER.

    Famille TESSIER

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