Les Justes
Lucien Bunel
Année de nomination : 1985Date de naissance : 28/01/1900
Date de décès : 02/06/1945
Profession : Prêtre, Religieux de l’ordre des Carmes, directeur du collège des Carmes
Département : Seine-et-Marne
Région : Ile-de-France
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
L'histoire
Père Jacques en uniforme
Lucien Bunel, religieux de l’ordre des Carmes, est directeur du Petit collège des Carmes qu’il a fondé à Avon, près de Fontainebleau. Cet homme de foi, animé d’un profond patriotisme, est un fervent opposant au nazisme. Dès le milieu des années 30, il avait compris ce que sous-entendait le nazisme.
Tout le monde l’appelle père Jacques. Pendant l’occupation, il décide d’accueillir dans son établissement des personnes fuyant les persécutions allemandes. L’occupation, le port de l’étoile juive, les déportations, les traques questionnent sa foi au point qu’il va faire de son établissement un refuge pour tous les réfractaires, les résistants et les enfants juifs. Jacques Halpern, Maurice Schlosser et Hans Helmut Michel, trois jeunes Juifs, sont admis à l’internat du collège où ils poursuivent leurs études sous de faux noms que Lucien Bunel leur a donnés. Ces noms d’emprunts sont validés par de vrais faux papiers fournis par la mairie d’Avon avec qui le Père Jacques est en lien pendant la guerre. Plusieurs membres des familles de ces trois jeunes juifs ont été arrêtés lors de la rafle du Vel d’Hiv. Le directeur a aussi engagé comme professeur Lucien Weil, qui vient de perdre son poste d’enseignant de Sciences naturelles au lycée de Fontainebleau du fait de la législation de Vichy sur l’emploi des Juifs. Le 13 janvier 1944 il écrit à son frère René Bunel : « Il est fort possible qu’avant peu des événements très graves se passent à mon sujet. Si je suis fusillé, réjouissez-vous, car j’aurai réalisé mon idéal : donner ma vie pour tous ceux qui souffrent« . Le 15 janvier 1944, sur une dénonciation précise d’un mouchard bien informé, la Gestapo se présente par surprise aux portes du collège. Les feldgendarmes dirigés par les chefs de la Gestapo de Melun pénètrent dans les salles de classe et arrêtent sur le champ les trois jeunes Juifs. Ils sont déportés à Auschwitz, d’où aucun ne revient. Le père Jacques est arrêté lui aussi et l’établissement est fermé sur le champ sur ordre des Allemands. Le même jour, Lucien Weil, sa mère et sa sœur sont arrêtés à leur domicile de Fontainebleau. Déportés à Auschwitz par le convoi N°67, ils y trouvent la mort le 6 février 1944.
Lucien Bunel est d’abord interné à la prison de Fontainebleau, puis transféré au camp de Royallieu à Compiègne avec une trentaine d’autres détenus. Le 28 mars il est déporté à Sarrebrück, un camp disciplinaire où il va rester 3 semaines jusqu’au 20 avril 1944. Puis il est envoyé à Mauthausen. Il est affecté au camp de Gusen, annexe de Mauthausen. Il réussit à rester en vie jusqu’à la libération du camp le 5 mai 1945, mais, épuisé par les conditions inhumaines de sa détention, il succombe le 2 juin 1945. Son corps est rapatrié en France et inhumé au cimetière d’Avon.
Louis Malle, qui avait lui aussi été élève du Petit collège avant de devenir un grand metteur en scène, base son film « Au revoir les enfants » sur le souvenir qu’il a gardé de la tragédie du père Jacques et de ses trois protégés juifs.
Le 17 janvier 1985, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Lucien Bunel, dit Père Jacques, le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
Article de presse – La République 20/01/2014 | |
Histoire de Lucien Bunel | |
Chronologie du père Jacques |