Dossier n°3238 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages. Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Noémie Fradin Benetreau

Année de nomination : 1985
Date de naissance : 21/10/1889
Date de décés : //
Profession : Paysanne

Localisation Ville : Airvault (79600)
Département : Deux-Sèvres
Région : Nouvelle-Aquitaine

L'histoire

Noémie Fradin

En avril 1943, Anna Grinberg, une jeune femme juive dont le mari avait Ă©tĂ© arrĂŞtĂ© et dĂ©portĂ©, accoucha Ă  Paris d’un petit garçon qu’elle appela Gabriel Guy. La maman et le bĂ©bĂ© se cachaient dans un minuscule appartement. En novembre, Anna Ă©chappa de justesse Ă  l’arrestation. Devant la dĂ©tresse de la jeune femme, un ami mĂ©decin lui conseilla de faire appel Ă  Eva Pradin, une jeune institutrice protestante. Eva l’envoya chez sa mère NoĂ©mie Pradin qui habitait Ă  Noirvault, petit village des Deux-Sèvres. Cette paysanne, qui Ă©tait veuve, avait dĂ©jĂ  hĂ©bergĂ© d’autres Juifs que sa fille lui avait adressĂ©s : BenoĂ®t Rayski, quatre ans, et Madeleine Barszczewski, sept ans, avaient Ă©tĂ© emmenĂ©s en cachette hors de Paris après la grande vague d’arrestations de juillet 1942; les deux enfants vĂ©curent chez NoĂ©mie Fradin jusqu’en novembre 1943. Anna Grinberg  entreprit donc le long et dangereux voyage avec son bĂ©bĂ©, arrivant Ă  la petite gare de Noirvault oĂą l’attendait une charrette envoyĂ©e par NoĂ©mie. Cette dernière accueillit chaleureusement la nouvelle venue ; bientĂ´t Anna l’appela « MĂ©mĂ© ». NoĂ©mie Fradin agissait par pur altruisme, ne cherchant aucune rĂ©compense. Noirvault comptait en tout et pour tout six familles protestantes et une famille catholique; tout le monde savait que la veuve cachait des Juifs. Les villageois gardèrent le secret, apportaient des vĂŞtements, de la nourriture et des informations, et ne soufflaient mot aux autoritĂ©s. En mai 1944, alors que la jeune femme Ă©tait allĂ©e consulter un mĂ©decin dans la ville voisine de Moncoutant, les Allemands firent une descente Ă  Noirvault. Le fils de Mme Fradin la prĂ©vint de ne pas rentrer au village. AidĂ©e par le pasteur Casalis, Anna Grinberg prit la fuite. Le bĂ©bĂ©, cachĂ© chez des voisins de NoĂ©mie, demeura chez eux jusqu’après la guerre. ArrĂŞtĂ©e par la Gestapo, la veuve subit un interrogatoire mais rĂ©ussit Ă  se faire passer pour une paysanne ignorante, qui n’avait jamais rien fait pour les Juifs. Après la guerre, NoĂ©mie continua Ă  entretenir d’excellentes relations avec ceux qu’elle avait sauvĂ©s. Bien des annĂ©es plus tard, Gabriel Guy Grinberg donna Ă  sa fille qui venait de naĂ®tre le nom de NoĂ©mie.

Le 10 octobre 1985, Yad Vashem – Institut International pour la MĂ©moire de la Shoah, a dĂ©cernĂ© Ă  NoĂ©mie Fradin le titre de Juste parmi les Nations.Â