Dossier n°3797 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Daniel Curtet

Année de nomination : 1987
Date de naissance : 19/06/1917
Date de décès : 10/11/1993
Profession : Pasteur

Suzanne (Royet) Curtet

Année de nomination : 1987
Date de naissance : 12/12/1923
Date de décès : 11/01/2014
Profession :
    Localisation Ville : Fay-sur-Lignon (43430)
    Département : Haute-Loire
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Lorsque, en 1990, Yad Vashem a décerné à Daniel Curtet le titre de Juste parmi les Nations, le pasteur contacta l’ambassade d’Israël à Paris pour demander à ne pas être cité personnellement. En effet, déclara-t-il, beaucoup de ses amis et connaissances du Chambon-sur-Lignon et ses environs avaient risqué leur vie pour sauver des Juifs sous l’occupation; ils méritaient donc tous de se voir décerner le même honneur. En 1990, lYad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à titre collectif, aux habitants du Chambon sur Lignon et ceux des communes environnantes, un Diplôme d’honneur par lequel le peuple d’Israël leur rend hommage pour leur contribution au sauvetage des juifs pendant la seconde guerre mondiale.  Pendant la guerre, le pasteur vivait à Fay-sur-Lignon. Dans ce village, situé en Haute-Loire non loin du Chambon-sur-Lignon, se trouvaient de nombreux réfugiés, pour la plupart des Juifs originaires d’Allemagne, d’Autriche et de Pologne, ne possédant pas la nationalité française. Daniel Curtet et son épouse Suzanne, qui faisaient de la Résistance avant et après leur mariage, se dépensèrent sans compter pour aider ces malheureux, leur prodiguant chaleur et réconfort. Ils trouvaient des fermes prêtes à les accueillir, leur fournissaient de faux papiers et les aidaient à passer en toute sécurité d’une cachette à une autre – sans rechercher la moindre compensation. A l’instar d’autres habitants du village, le pasteur, soutenu par sa femme, n’hésitait pas à héberger temporairement des réfugiés. Aidé par ses paroissiens, il assistait également les fugitifs qui cherchaient à passer clandestinement en Suisse. Il sauva ainsi la vie d’un grand nombre de Juifs. Ce faisant, le pasteur et son épouse prenaient d’énormes risques, car cacher ou aider des Juifs était passible de peines sévères pouvant aller jusqu’à la déportation. Oskar Rosowsky appartenait à une famille juive de Russie qui avait émigré à Berlin, puis en 1933, devant la montée du nazisme,s’était installé en France,  à Nice. Son père, arrêté en juillet 1942, fut interné à Drancy puis déporté à Auschwitz. Arrêtée alors qu’elle tentait de passer en Suisse, sa mère fut internée au camp de Rivesaltes, à proximité de la frontière espagnole. Grâce à deux protestants qu’il connaissait bien, Oskar put obtenir de faux papiers pour sa mère et réussit à la faire sortir du camp et à la ramener à Nice. En janvier 1943, elle chercha refuge à Fay-sur-Lignon. Le pasteur Curtet et sa femme multiplièrent les efforts pour lui venir en aide – c’est ainsi qu’ils l’avaient invitée à leur mariage, la présentant comme une parente dans le but de renforcer l’impression qu’il s’agissait d’une chrétienne. Deux fois par mois, Oskar, qui habitait au Chambon, se rendait à Fay-sur-Lignon à bicyclette et remettait à sa mère de faux papiers destinés aux Juifs que le pasteur cachait. Après la guerre, beaucoup de Juifs qui leur devaient la vie restèrent en contact, au moins par correspondance, avec M. et Mme Curtet.

    Le 10 septembre 1990, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah, a décerné au pasteur Daniel Curtet et à son épouse Suzanne, le titre de Juste parmi les Nations. 

    Témoignage:

    En octobre 1942, Daniel Curtet à l’âge de 25 ans quitte la Suisse sur un appel du pasteur Marc Boegner, président de la Fédération protestante de France et arrive à Fay- sur-Lignon en Haute – Loire. Les 12 pasteurs du Consistoire de la Montagne de l’Eglise réformée – six suisses, cinq français et un italien – se rencontrent une fois par mois en pastorale pour mettre au point divers projets d’action commune et, dès l’automne 1942, cherchent ensemble comment aider les nombreux réfugiés affluant sur le Plateau. Ils ont des langages codés dans leurs conversations téléphoniques, des mots de passe changeant chaque mois. 

    Daniel Curtet, dans un chapitre « témoignage d’un ancien pasteur » du livre Le Plateau Vivarais-Lignon, Accueil et Résistance 19391944 sous la direction de Pierre Bolle, relate des faits,  { ..} des impressions et ses réactions de jeune pasteur suisse découvrant à la fois une paroisse française et une population plongée dans les problèmes posés par l’occupation allemande et par la situation délicate des Juifs traqués. Il souligne le dévouement et le sens de l’hospitalité des protestants de la paroisse :  c’est bien grâce à ses deux qualités, à quoi il faut ajouter une remarquable discrétion, que put s’organiser sur une vaste échelle, la prise en charge des persécutés.

    A l’été 1943 Suzanne Royet, 20 ans, vient en vacances à Fay, village d’origine de son père Edouard Royet et rencontre Daniel. Leur mariage est célébré en avril 1944. 




    Mis à jour il y a 8 mois.