Dossier n°395A - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1967

Suzelly (Boudet) Leenhardt

Année de nomination : 1967
Date de naissance : //
Date de décès : 05/02/1974
Profession : Assistante sociale, mère de 4 enfants
    Localisation Ville : Marseille (13000)
    Département : Bouches-du-Rhône
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire

    Issue d’une bonne famille protestante, Suzelly Leenhardt avait perdu son mari durant la Première guerre mondiale. Pendant la Seconde, elle vivait à Marseille avec sa bru, veuve elle aussi, et sa petite-fille. Le 1er septembre 1942, son amie Germaine Muehlenthaler (q.v.) arriva chez elle avec Esther Strauss, une jeune juive de 17 ans, qu’elle lui confia. Les parents d’Esther, des Juifs Allemands, étaient internés au camp de Gurs; la jeune fille avait demandé un visa pour émigrer aux Etats-Unis mais ne l’avait pas obtenu. Elle avait dû se cacher. A la suite de plusieurs opérations de police contre le foyer où elle avait trouvé asile, elle avait fait appel à Germaine Muehlenthaler. Suzelly Leehnardt accepta de l’héberger; il était entendu qu’Esther se ferait passer pour la bonne. Bien que très pratiquante, la vieille dame laissa Esther observer les rites de sa propre religion. La veille de Yom Kipour, le jour du Grand pardon, elle la conduisit chez une voisine pour lui faire entendre un enregistrement du Kol Nidré, la prière traditionnelle. Tous les soirs, une séance de prières se tenait chez les Leenhardt. Tandis que Suzelly et sa belle-fille récitaient les psaumes en français, Esther les récitait en hébreu. La vieille madame Leenhardt se consacrait aux actions humanitaires; toutes ne sont pas connues du fait de sa grande modestie. Elle répètait souvent « les bonnes actions parlent toutes seules. » Comme sa bru enseignait dans une école pendant la plus grande partie de la journée, c’est elle qui devait se débrouiller pour trouver du ravitaillement, et il lui fallait faire la queue pendant de longues heures. Sa bonté ne se limita pas à l’hospitalité accordée à Esther Strauss. Apprenant que la police s’apprêtait à opérer une descente dans un hôpital voisin, elle hébergea une malade juive qui s’y trouvait, engageant une infirmière pour s’en occuper. La malade, internée dans un camp, subit une intervention chirurgicale à la suite de laquelle Madame Leenhardt réussit à empêcher son retour dans le camp. Dans son témoignage après la guerre, Esther déclare : « Pendant les mois passés à son foyer, j’ai été plongée dans une ambiance toute particulière : amour de l’humanité, amour de Dieu et dévotion sans limite. » Esther réussit à passer en Suisse et survécut à l’Occupation. Lorsqu’elle reprit contact avec la femme qui l’avait sauvée après la guerre, elle découvrit qu’après son départ Suzelly Leenhardt avait été arrêtée et emprisonnée pour avoir aidé des Juifs.

    Le 12 décembre 1967, Yad Vashem a décerné à Suzelly Leenhardt le titre de Juste parmi les Nations.

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