Dossier n°4141 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Gino Rossi Landi

Année de nomination : 1989
Date de naissance : 31/05/1892
Date de décès : //
Profession : Ingénieur

Marcelle Rossi Landi Comelles

Année de nomination : 1989
Date de naissance : 25/03/1912
Date de décès : //
Profession :
    Localisation Ville : Paris (75008)
    Département : Paris
    Région : Ile-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    Né en Italie en 1892, Gino Rossi, commandant dans la marine italienne, préféra déserter plutôt que servir le régime fasciste de Mussolini. Il émigra en France avec sa femme Marcelle. Le couple, qui habitait Paris, s’était lié d’amitié avec Roger Fraenkel, sa femme et leurs deux enfants, Josette (née en 1934) et Jean-Jacques (né en 1931). En décembre 1941, Roger, arrêté par des policiers français, fut déporté vers les camps de l’est où il fut assassiné. Sa femme et ses deux enfants s’enfuirent de Paris. Après avoir erré pendant de longs mois à travers la France, ils arrivèrent à Nice. Mme Fraenkel rallia le mouvement clandestin Combat-Libération. En octobre 1943, elle eut le sentiment que son arrestation était imminente et écrivit à ses amis les Rossi pour leur demander de s’occuper de Jean-Jacques. Ils acceptèrent et elle leur envoya l’enfant qui arriva chez eux en novembre. Environ un mois plus tard, ils reçurent un message désespéré disant simplement : « Sauvez ma fille ». Gino et Marcelle dépêchèrent aussitôt leur amie Suzanne Dormant à Nice. Elle trouva la fillette toute seule dans l’appartement familial. La Gestapo avait arrêté sa mère. Malgré leur bonne volonté, les Rossi ne purent héberger longtemps les deux enfants. Leurs voisins connaissaient bien les positions anti-fascistes de l’ex-commandant de marine; par ailleurs, le fils d’un des voisins, qui était antisémite, fréquentait le lycée Carnot comme Jean-Jacques Fraenkel et savait qu’il habitait chez les Rossi. Tous les jours il collait sur leur porte un papillon où il avait écrit  « Consulat juif ». Josette fut donc placée dans un couvent à Ermenonville, près de Paris, puis dans une école catholique. A la suite d’une dénonciation – sans doute œuvre du jeune voisin – un médecin se présenta pour « vérifier » si Jean-Jacques était juif ou non. Marcelle Rossi eut tout juste le temps de cacher l’enfant dans un placard. Ensuite les Rossi, soucieux de sa sécurité, le placèrent dans une école catholique aux environs de Paris. Ils continuèrent pourtant, au mépris du danger, à héberger des réfugiés politiques italiens. Gino fut convoqué plus d’une fois à la Kommandantur. Sa femme et lui cachèrent aussi Raymond Nagel, qui arrivait de Londres; parachuté le 23 mai 1944, le jeune homme n’avait pas réussi à effectuer la liaison avec ses contacts. Il arriva chez les Rossi avec ses armes et sa radio et fut accueilli chaleureusement, malgré le danger.

    Le 3 mai 1989, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Marcelle et à Gino Rossi-Landi le titre de Juste parmi les Nations.