Dossier n°4157 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Zoé David

Année de nomination : 1989
Date de naissance : 12/01/1908
Date de décès : 25/12/1994
Profession : Secrétaire de mairie
    Localisation Ville : Saint-Léger (06260)
    Département : Alpes-Maritimes
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire

    Zoé David était secrétaire de mairie à Saint-Léger (Alpes Maritimes), petite commune d’environ 80 habitants. En septembre 1943 quatre familles juives – une trentaine de personnes en tout – qui s’étaient enfuies de Nice arrivèrent au village en quête de refuge, car le 8 septembre, les Allemands avaient occupé la zone italienne, Nice comprise. Les fugitifs avaient parcouru 80 kilomètres à pied pour gagner Saint-Léger. De par ses fonctions, Zoé avait accès aux formulaires et documents officiels. Elle fournit de faux papiers à tous les réfugiés juifs. André Groust, qui avait alors treize ans, évoqua, dans son témoignage après la guerre, l’attitude courageuse de la jeune femme. Des parents de celle-ci, qui vivaient à Nice, avaient donné son adresse à la famille Groust. Malgré le danger, Zoé David accueillit cette famille chez elle et l’hébergea jusqu’à la fin de l’Occupation. Dans les villages des environs, la plupart des gens avaient refusé de donner asile à des Juifs, de peur des représailles. A Saint Léger même, la présence des familles juives était une source d’inquiétude. Zoé David sut néanmoins convaincre les habitants du village de se montrer généreux et d’ouvrir leurs portes aux persécutés. C’est ainsi que les familles d’André Groust, de Léon Groscot, de Léon Schulman et de Karola Brost purent vivre en paix à Saint-Léger jusqu’à la fin de l’Occupation. Chaque fois que la jeune femme était informée de déplacements suspects de troupes allemandes ou de la police allemande dans la région, elle en avertissait les familles juives qui couraient alors se réfugier dans la forêt. La gendarmerie locale, avec laquelle elle était en bons termes, la prévenait également. Non contente de cacher aux autorités du département la présence de trente Juifs sans son village, Zoé réussit à convaincre les habitants de ne pas réclamer de cartes d’alimentation pour les réfugiés : une augmentation subite de 40% dans la population de la localité n’aurait pas manqué d’attirer l’attention. C’est ainsi que 110 personnes se partagèrent des rations prévues pour 80. Le village n’en tint nullement rigueur à la jeune secrétaire de mairie; en effet Zoé David fut élue en 1950 maire de Saint Léger, poste qu’elle devait occuper pendant quarante ans…

    le 7 Mai 1989, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Madame Zoé David, le titre de Juste parmi les Nations.