Dossier n°4184 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Adolphine Beulé

Année de nomination : 1989
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : femme au foyer, mère de 3 enfants

Raymond Beulé

Année de nomination : 1989
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : artisan plâtrier
    Localisation Ville : Bonnétable (72110)
    Département : Sarthe
    Région : Pays-de-la-Loire

    L'histoire

    Des réfugiés juifs, les Bernbaum – le père, la mère et les deux filles – habitaient à Paris. Le père fut arrêté en 1941. La mère réussit à trouver une famille adoptive pour sa plus jeune enfant, qui avait six ans. Le 16 juillet 1942, lors de la grande rafle des Juifs à Paris, la police vint frapper à la porte des Bernbaum, appelant la mère et sa fille Adèle par leurs noms. Terrorisées, les deux femmes ne bougèrent pas et n’ouvrirent pas la porte. Après le départ des policiers, Madame Bernbaum décida d’envoyer Adèle, qui avait douze ans, hors de Paris. Ses amis, les Topeza, avaient mis trois de leurs enfants en sécurité à Bonnetable, dans la Sarthe, chez Raymond Beulé, un artisan plâtrier. Il accepta de recevoir aussi Adèle. Les Beulé avaient trois enfants : avec leurs petits protégés, ils avaient donc à s’occuper de sept enfants. Adolphine Beulé ne travaillait pas à l’extérieur. Raymond se faisait souvent payer en produits alimentaires, ce qui lui permettait de nourrir tout son monde et parfois d’envoyer des colis de ravitaillement aux parents des enfants à Paris. Les parents pour leur part versaient des sommes modiques pour couvrir les frais de l’entretien de leurs enfants. Raymond Beulé s’occupait des petits réfugiés, qu’il n’avait pas connus avant la guerre, comme de ses propres enfants, les soignant quand ils étaient malades. Adèle raconta plus tard qu’ Adolphine lui avait dit un jour : « Si par malheur, il arrivait quelque chose à ta mère, nous t’adopterons. » Les réfugiés étaient présentés au village comme des cousins venus reprendre des forces à la campagne. Raymond et Adolphine couraient des risques d’autant plus grands que pendant toute cette période la Wehrmacht avait réquisitionné le château Bonnetable voisin pour en faire un poste de commandement. En août 1944, lorsque des unités de l’armée américaine entrèrent au village, Adolphine poussa un grand soupir de soulagement et déclara à ses voisins : « Nos cousins étaient en fait des juifs que nous cachions! » et les voisins ont répondu : « Mais tout le quartier l’avait deviné ».

    Le 18 avril 1989, Yad Vashem – Institut Internationale pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Raymond et Adolphine Beulé le titre de Juste parmi les Nations.