Dossier n°4245 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Pierre Mopty

Année de nomination : 1989
Date de naissance : //
Date de décès : 24/04/1986
Profession : Etudiant en Science, Abbé

    L'histoire

    Pendant la guerre, le père Mopty vivait à Montpellier (Hérault) où il suivait les cours de la Faculté des Sciences. En décembre 1943, il se rendit à Lyon dans l’intention d’accompagner une famille juive qui s’apprêtait à tenter de passer la frontière suisse. Mais avant même qu’il ait pu prendre contact avec eux, le couple et leur fillette de dix ans furent arrêtés et internés au camp de Rivesaltes. Pierre Mopty, bouleversé par la nouvelle, décida de tenter malgré tout de mener à bien sa mission. Il se rendit à Rivesaltes. Ruth Lambert, une jeune Juive qui travaillait pour l’OSE, venait justement d’y arriver pour chercher à sauver des enfants juifs. Elle était aidée par le père Albert Gross (q.v.), envoyé par une organisation suisse chrétienne de secours, ainsi que par Andrée Salomon, autre femme juive chargée de coordonner les activités de sauvetage de l’OSE. Tous trois discutaient de leur mission lorsqu’on frappa à la porte. C’était Pierre Mopty. Il se présenta et expliqua le but de sa visite. Ruth Lambert raconta après la guerre combien elle avait été impressionnée par le courage et la détermination du jeune homme. Elle décrivit également la façon dont il avait retrouvé la trace de la famille juive qu’il voulait sauver. Il réussit en fin de compte à la faire sortir du camp, puis, à bord d’un taxi qui attendait de l’autre côté de la clôture, ils se rendirent à Perpignan où une cachette leur avait été préparée derrière une église. Pierre Mopty les accompagna ensuite en train à Evian. La nuit tombée, il se dirigea avec les trois fugitifs vers la rive du lac Léman, puis « emprunta » la barque qui lui parut la plus solide. Sous le couvert de l’obscurité, il traversa le lac en ramant vigoureusement et arriva à Ouchy sur la rive suisse. Là, le père Gross, qui attendait, prit en charge la famille sous le contrôle de la police suisse. Pierre Mopty reprit les rames et rentra à Evian, rangeant soigneusement la barque à sa place. Bien plus tard, il apprit que l’embarcation appartenait au commandant de la police de la ville.

    Le 16 mai 1989, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah,  a décerné au père Pierre Mopty le titre de Juste parmi les Nations.