Dossier n°4246 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Denise Aguadich Paulin

Année de nomination : 1989
Date de naissance : 27/04/1913
Date de décès : 08/10/2010
Profession : Religieuse Notre Dame de Sion
    Localisation Ville : Grenoble (38000)
    Département : Isère
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    En 1941-1943, Denise Paulin – en religion sœur Joséphine – était religieuse au couvent de Notre-Dame de Sion à Grenoble. Elle appartenait à une organisation clandestine (l’Amitié Chrétienne) dont faisaient également partie le père Pierre Chaillet (q.v) et Germaine Ribière (q.v). Denise Paulin prit une part active au sauvetage de dizaines de Juifs, enfants et adultes. En juillet 1943 elle dut quitter précipitamment Grenoble, la police ayant découvert ses activités clandestines. Elle partit vivre à Paris, où elle prit contact avec l’Organisation de Secours aux Enfants (OSE) à laquelle elle offrit ses services. De nombreux témoignages font état des efforts déployés par Denise Paulin pour sauver des enfants juifs. Avec une grande détermination et beaucoup de courage, mobilisant  tous ses contacts et ses ressources, elle trouva pour ces enfants des refuges et abris sûrs, leur procura de fausses cartes d’identité, réussissant parfois à les faire sortir de camps d’internement et à les faire passer en Suisse. Elle fournit également des cartes d’alimentation à des enfants et des adultes juifs fuyant la gendarmerie et la Gestapo. Le cas de la famille Elbaz est révélateur de l’action de Denise Paulin. Après la déportation de la mère de famille en 1942,  Denise fut chargée par l’OSE de se rendre au domicile des Elbaz où se trouvaient le père, ses fils Léon et Jacques et ses filles Jacqueline et Mazeltob. Elle supplia le père de la laisser mettre les enfants en lieu sûr chez des paysans de la Sarthe. M. Elbaz commença par refuser mais se laissa convaincre par sa fille Mazeltob de laisser partir les garçons. Dans le cadre d’une mission pour le compte de l’OSE, Denise Paulin organisa le voyage en train de quarante enfants à destination du Mans (Sarthe) A l’arrivée, les enfants, par groupes de dix, montèrent dans des charrettes de paysans qui les conduisirent vers une grande ferme; là, ils furent répartis par deux ou trois entre les paysans des villages d’alentour. L’opération se déroula en l’espace d’une nuit : à l’aube les enfants étaient tous dans des familles d’accueil. Les fils Elbaz, qui se souviennent très bien de ce voyage, racontèrent plus tard que pendant six mois ils n’avaient eu aucun contact avec leur père, toute correspondance étant dangereuse. Leur sœur Mazeltob vint leur rendre visite. A son retour, elle fut arrêtée avec son père et sa sœur, sans doute sur dénonciation. La guerre terminée, Denise Paulin se rendit de village en village pour s’enquérir de la situation de ses enfants. Elle continua à aider la famille Elbaz : d’abord en faisant admettre les garçons dans des cours de formation professionnelle à l’école ORT; puis en envoyant Jacqueline Elbaz, revenue des camps dans un état lamentable, passer six mois de convalescence chez ses propres parents à Chapareillan.

    Benzion Anavi, juif né en Bulgarie, fit appel à Denise Paulin pour l’aider à libérer une amie qui se trouvait dans un camp d’internement. Elle n’y réussit pas mais lui fit parvenir des colis de nourriture. D. Paulin resta en contact avec Anavi, qui se joignit aux efforts déployés pour sauver des Juifs en les faisant passer clandestinement en Suisse. Arrêté, Anavi fut envoyé au camp de Gurs. Denise Paulin, selon son habitude, lui fit parvenir des colis de nourriture et, au prix de nombreux efforts, réussit à le faire remettre en liberté. Ses parents, Louis et Joséphine Paulin (q.v.) apportaient leur soutien à son œuvre de sauvetage, lui permettant de cacher des Juifs chez eux en cas de besoin. L’une de ses protégés fut Hélène Brenner, qui se souvient avoir rencontré un autre couple juif au domicile des parents de Denise. Denise Paulin épousa un juif, M. Aguadich, et resta en contact étroit avec Mazeltob Elbaz-Wajsbrot après la guerre.

    Le 16 mai 1989, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Denise Aguadich-Paulin, en religion sœur Joséphine, le titre de Juste parmi les Nations. 

    Les médias externes :







    Mis à jour il y a 9 mois.