Dossier n°4430 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Madeleine Tartier

Année de nomination : 1989
Date de naissance : 04/01/1914
Date de décès : 15/10/2001
Profession : sans profession

Roland Tartier

Année de nomination : 1989
Date de naissance : 13/01/1911
Date de décès : 16/09/1972
Profession : Pasteur de la Communauté protestante du village
    Localisation Ville : Saint-Laurent-du-Pape (07800)
    Département : Ardèche
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Les Drillich, une famille de Juifs néerlandais, prend la fuite avec leur fille de 13 ans devant l’invasion allemande et vient chercher asile en France. A l’hiver 1942, les réfugiés se trouvent à St. Laurent du Pape en Ardèche. Les Allemands viennent d’occuper le sud de la France et les habitants du village savent que les Drillich sont juifs. Le 15 décembre, Roland Tartier, pasteur de la congrégation protestante du village, vient les avertir d’un danger imminent. Les autorités ont entrepris de déporter les réfugiés juifs de Hollande, de Belgique et du Luxembourg et les gendarmes procèdent déjà à des arrestations dans une localité située à tout juste huit kilomètres. Comme les Drillich ne savent pas où aller, le pasteur les ramène chez lui. Ils passent la nuit dans son grenier. Pendant les deux semaines suivantes, ils dorment au grenier et passent leurs journées au premier étage. En donnant asile, au mépris des lois, à une famille juive, le pasteur prend un risque d’autant plus élevé que du fait de ses fonctions sa maison est en permanence ouverte à tous. Il leur procure aussi de faux papiers d’identité, puis, bien que souffrant d’une bronchite, il parcourt une cinquantaine de kilomètres à bicyclette sur des routes verglacées pour aller à Privas, où il espère trouver un passeur. Mais il ne trouve personne.

    Le danger s’intensifiant, les réfugiés ne peuvent rester plus longtemps dans la demeure du pasteur, qui décide de les envoyer en Haute-Loire. Quatre de ses paroissiens accompagnent les Drillich à la gare, direction St. Sauveur-de-Montagut. Puis ils errent de cachette en cachette avant d’arriver à Freycenet-de-St. Jeurès où ils vivent jusqu’à la Libération. Les Drillich n’ont jamais oublié la générosité du pasteur et d’autres religieux qui se sont dévoués pour de parfaits inconnus. L’épouse du pasteur Tartier, Madeleine a aussi aidé Gertrude, une jeune fille juive de Mannheim qui a été extraite du camp de Gurs dans les Pyrénées après la mort de sa mère. Madeleine Tartier l’héberge un certain temps, puis l’aide à partir se réfugier au Chambon-sur-Lignon. Le 1er octobre 1943, la Gestapo arrête le pasteur Tartier et le jette en prison. Il est relâché au bout de deux mois. Il a échappé à la déportation mais sa santé a été gravement ébranlée par cette épreuve.

    Le 26 octobre 1989, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné au pasteur Tartier et à son épouse Madeleine le titre de Juste parmi les Nations.




    Mis à jour il y a 11 mois.