Les Justes
Marie-Antoinette (Flatry) Vial
Année de nomination : 1990Date de naissance : 06/07/1921
Date de décès : 31/08/2013
Profession : Directrice d’un Home d’enfants
Département : Loire
Région : Auvergne-Rhône-Alpes
Personnes sauvées
L'histoire
Marie-Antoinette Flatry avait la responsabilité d’un home d’enfants (30 à 40 en permanence) à Boen sur Lignon dans le département de la Loire. Elle était en relation avec « l’Aide aux mères » de Saint-Étienne qui lui adressait les enfants. Elle avait 18 ans à l’époque et avait vite compris que c’était des petits Juifs qu’on lui confiait, bien qu’on ait pris le soin de changer leur identité. Ruth Bloch et 3 de ses frères et sœurs avaient ainsi été confiés aux bons soins de Marie-Antoinette Flatry. Au total 18 petits enfants Juifs de 4 à 12 ans ont été soustraits, grâce à elle, aux bombardements des grandes villes, à la barbarie allemande et ont pu éviter d’être envoyés dans les camps de la mort. Marie-Antoinette Flatry a pu nourrir correctement tous les enfants grâce au ravitaillement fourni par son père et son frère Louis Flatry qui tuaient cochons et moutons. La boulangère fermait les yeux sur les tickets de pain.
Le 20 juin 1990, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Madame Marie-Antoinette Vial Flatry, le titre de Juste parmi les Nations.
Le témoignage
M. et Mme Bloch, qui vivaient à Strasbourg avec leurs neuf enfants, furent évacués avec le reste de la population civile au début de la guerre. Ils arrivèrent à Cusset (Allier), aux alentours de Vichy. En août 1942, devant les arrestations massives de Juifs, Emmanuel Bloch comprit que le temps était venu de se cacher. Des organisations de sauvetage clandestines fournirent de faux papiers d’identité au nom de Roche à toute la famille, qui dut cependant se disperser. Emmanuel, sa femme, leur fille aînée Dina et leur plus jeune fils se réfugièrent à St. Étienne; trois adolescents furent mis en pension et les quatre plus jeunes enfants, âgés de cinq à dix ans furent confiés au Nid, un établissement qui s’était créé à Boën (Loire) pour accueillir les enfants fuyant les bombardements ou venant des zones annexées par les Allemands. Marie-Antoinette Vial en était la directrice. Les enfants étaient envoyés au Nid par l’œuvre « Aide aux Mères », dont le siège était à St.Étienne et que dirigeaient Juliette Vidal (q.v.) et Marinette Guy (q.v.). Marie-Antoinette Vial, qui n’avait alors que vingt ans, acceptait aussi des enfants juifs. Pourtant la région était étroitement surveillée par les Allemands et par les gendarmes français, en raison de la proximité d’une usine travaillant pour la Wehrmacht. Malgré le danger, la jeune directrice veilla au bien être des enfants et à leur éducation jusqu’à la libération de la région, en août 1944. Avec beaucoup de modestie, elle déclara par la suite qu’elle n’aurait pu réussir sans l’aide et les conseils du curé de la paroisse, du directeur de l’école et des commerçants locaux. Dina, l’aînée des enfants Bloch, qui avait eu 16 ans en 1942, venait voir ses frères et sœurs chaque mois. Dans son témoignage après la guerre, elle évoque le dévouement et la détermination de la courageuse directrice.