Dossier n°4768 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1991

Claire Barwitzky

Année de nomination : 1991
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : secrétaire du père Remilleux, apartenait au mouvement pacifiste franco-allemand, infirmière
    Localisation Ville : Chamonix-Mont-Blanc (74400)
    Département : Haute-Savoie
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Claire Barwitzki
    « C’est ainsi que commença pour nous une année inoubliable : une année de bonté et de dévouement, de confiance, d’amour, de joie et de travail d’équipe. Il m’est impossible d’évoquer une autre période de mon existence qui soit comparable à ce que j’ai vécu alors. » C’est en ces termes que Cläre Barwitzky décrivait quarante ans plus tard le sauvetage de trente enfants juifs, cachés de l’été 1943 à l’été 1944 dans la ville de Chamonix en Savoie. Cläre Barwitzky naquit dans une famille catholique pratiquante de Neisse sur l’Oder, en Allemagne, qui devint plus tard Nysa en Pologne. Son père gagnait chichement sa vie en tant qu’employé des chemins de fer. Elle voulait devenir institutrice mais, compte tenu de la difficile situation familiale, dut y renoncer pour commencer à gagner sa vie. A la fin de ses études secondaires en 1932, elle accepta la proposition qui lui était faite de devenir la secrétaire du père Remilleux à Lyon. Ce prêtre, qui parlait l’allemand, était le directeur spirituel d’un mouvement pacifiste franco-allemand, les Compagnons de Saint François. Cläre se joignit à ce mouvement, rentra en Allemagne et subit une formation de deux ans à Freiburg pour devenir « assistante spirituelle » – Seelsorgehelferin. De retour en France en 1935, elle fut envoyée à la congrégation de Vaujany dans les Alpes françaises. Cependant, après la défaite de la France, ses origines allemandes entraînèrent la méfiance de la Résistance, très active dans cette région montagneuse. Sur les conseils d’un ami, soeur Barwitzky prit un nouveau poste dans une clinique catholique de Saint Etienne (Loire) spécialisée dans la médecine familiale. Là, en gardant secrète sa nationalité allemande, elle put travailler au sein de la population française pratiquement sans craindre d’être découverte. Pendant l’Occupation, cette institution charitable vint aussi en aide à des familles juives persécutées et pour la plupart ne possédant pas la nationalité française. Obligées de se cacher pour échapper à l’arrestation et la déportation, elles confiaient leurs enfants à l’institution catholique, laquelle avait engagé un Juif à cet effet. Les enfants étaient ensuite cachés dans des familles à la campagne, qui les hébergeaient mais sans savoir qu’ils étaient juifs. On expliquait à ceux qui posaient des questions que Saint Etienne étant une ville industrielle, le risque de bombardement y était grand, d’où le désir d’éloigner

    Claire Barwitzki
    les enfants. Toutefois, lorsque la campagne antisémite s’intensifia  en été 1943, les risques que couraient les enfants devinrent tels qu’une autre solution fut adoptée. On les logea dans la colonie de vacances d’été de l’institution, située près de Chamonix au pied du Mont Blanc. C’est là, dans une vallée pittoresque face aux cascades glacées des Alpes, que quelques trente enfants juifs passèrent toute une année sous la houlette d’une petite équipe qui comprenait, outre Soeur Barwitzky, une directrice française et deux femmes juives. S’occuper de petits enfants est un travail harrassant qui ne s’arrête que tard dans la nuit. De plus, la tension psychologique était extrême, le risque que l’identité des enfants soit découverte étant permanent. La moindre remarque imprudente, la moindre hésitation dans les contacts avec les autorités pouvait conduire à la catastrophe. La religieuse catholique de Silésie, elle-même sans papiers, fit face courageusement et se consacra aux enfants dont elle était responsable jusqu’à la libération de la région à la fin de l’été 1944. Pendant cette période, elle se rendit en outre à Lyon pour une mission de sauvetage spéciale : il s’agissait d’aller rechercher dans la ville, sous les bombardements, deux petites filles devenues orphelines.

    Le 20 mars 1991, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Soeur Cläre Barwitzky le titre de Juste parmi les Nations. 

     

    Claire Barwitzki avec les enfants survivants

    Documents annexes

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