Les Justes
Année de nomination : 1991Anne-Marie Estève
Année de nomination : 1991Date de naissance : 25/09/1901
Date de décès : //
Profession : mère de 4 enfants
Département : Gironde
Région : Nouvelle-Aquitaine
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire
Anne-Marie ESTEVE
La famille Alvarez-Pereyre vivait à Bordeaux, qui se trouvait dans la zone occupée par les Allemands. Cependant, ce n’est qu’en août 1942 que le père, la mère, le fils et la fille décidèrent de s’enfuir. Ils avaient beau avoir tous la nationalité française, ils craignaient d’être arrêtés. Ils réussirent à franchir la ligne de démarcation et s’établirent à Agen dans le Lot-et-Garonne. En novembre de la même année, les Allemands occupèrent la zone sud. Un an plus tard, la famille apprit que son nom figurait sur une liste de personnes à arrêter. M. Alvarez-Pereyre contacta Anne-Marie Estève, qui avait au sein de la communauté juive la réputation d’être disposée à aider. La jeune femme, qui avait pourtant quatre enfants, accepta d’héberger la fillette, Hélène, dans sa maison de La Réole et s’en occupa comme si elle était sa propre fille. Elle seule connaissait la véritable identité de l’enfant qu’elle faisait passer pour une nièce venue en convalescence à la campagne. Quant aux parents, elle les envoya dans sa maison de Montagnac-sur-Lède, qu’elle avait louée au couple Chignaguet (q.v), des personnes de confiance. M. et Mme Chignaguet continuèrent à habiter l’appartement situé au dessus de leur débit de tabac, tandis que les Alvarez-Pereyre étaient logés dans la pièce à l’arrière de l’appartement. Ils y passèrent trois mois, n’en sortant qu’à la nuit tombée pour ne pas être vus par les voisins. Anne-Marie Estève aida également le fils aîné du couple, Jacques, qui avait trente ans, à trouver du travail dans une ferme à proximité, ce qui lui permit de voir sa soeur. Jacques et Hélène venaient parfois passer la nuit avec leurs parents. Au bout de trois mois les parents rentrèrent à Agen où ils avaient trouvé une nouvelle cachette; Gaston et Gabrielle Chignaguet leur apportaient des provisions. Anne-Marie Estève accueillit également pendant environ un mois une jeune Juive de Hollande, en la faisant passer pour une jeune fille au pair. Elle coopérait à un réseau de secours, et fournit aussi de faux papiers et des cartes d’alimentation à des réfugiés juifs et non-juifs. Elle n’acceptait aucune rémunération pour cette œuvre de sauvetage, entreprise par pure générosité et qui lui faisait courir, à elle et à sa famille, d’énormes risques. La grande amitié unissant Anne Marie Estève et la famille Alvarez-Pereyre persista bien après la guerre. Anne Marie était de toutes les célébrations, partageait les joies et les peines. Lorsqu’elle apprit que Yad Vashem s’apprêtait à lui conférer le titre de Juste parmi les Nations, elle refusa cet honneur, ne revenant sur sa décision que sur l’insistance de ses enfants et de ses petits-enfants. Lors de la cérémonie elle déclara n’avoir rien accompli de bien extraordinaire et s’être contentée de « se faire quelques amis ».
Le 9 décembre 1991, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Anne-Marie Estève le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
Article de presse – Sud-Ouest du 18/06/1992 13 mars 2016 12:31:25 |
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