Les Justes
Germaine Marie (Chauvaud) Clément
Année de nomination : 1973Date de naissance : 06/05/1902
Date de décès : 21/12/1998
Profession :
Maurice Eugène Clément
Année de nomination : 1973Date de naissance : 07/02/1897
Date de décès : 16/04/1979
Profession : ébéniste, menuisier, employé à la préfecture de Chateuaroux
Département : Indre
Région : Centre-Val de Loire
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
En 1942, Marcel Blum arriva avec sa femme et ses trois enfants à Saint Benoît du Sault, petit village de l’Indre. Il sympathisa avec un ébéniste du village, Maurice Clément, ancien combattant de la guerre de 1914, qui avait le même âge que lui. Sa fille Andrée se lia d’amitié avec Odette, la fille de Clément. En 1942, quand commencèrent les arrestations et déportations de Juifs, le menuiser remit à Marcel Blum tous ses papiers – carte d’identité, livret militaire, livret de famille et certificat de baptême – en lui disant : « Ne vous inquiétez pas pour moi, je me débrouillerai! ». Il ajouta qu’il n’avait pas peur de se retrouver sans papiers et ne se souciait guère du danger. Aimé et respecté au village, Maurice, qui avait la confiance de tous, put aider les Blum et d’autres familles de réfugiés juifs sans éveiller les soupçons. Sa maison devint un refuge pour ses amis juifs. Toute la famille Blum s’y réfugiait lorsqu’il y avait une rafle dans la région. Lors de la vague d’arrestations de 1943, leurs noms ne figuraient pas sur la liste des Juifs recherchés. Comme Maurice Clément travaillait alors à la préfecture à Chateauroux; les Blum étaient convaincus que c’est lui qui avait fait escamoter leurs noms. Avertie la veille de la rafle, madame Blum prévint tous les autres Juifs de l’endroit. Elle fut assistée dans cette tâche par Maurice Clément, sa femme Germaine-Marie et Maria Junker-Kissling (q.v.) la gouvernante suisse des enfants Clément. Lorsque les gendarmes se présentèrent au domicile des Juifs, ils ne trouvèrent personne. Les réfugiés s’étaient tous enfuis et se cachaient. Les deux autocars prévus pour le transport des Juifs arrêtés repartirent vides. Lorsque la situation des Juifs s’aggrava encore en 1944, Marcel Blum et son fils Georges quittèrent le village et rallièrent la Résistance. Madame Blum et sa fille Andrée, qui avait peur de se montrer dans la rue, furent installées par les Clément dans la chambre d’Odette. Pendant deux semaines, elles n’en bougèrent pas, laissant les volets fermés. Cette pièce se trouvait juste au dessus de la cuisine, où les Clément recevaient les visiteurs – voisins, amis et gendarmes. A chaque fois, les deux femmes étaient averties de ne faire aucun bruit. Les portes de la maison étaient fermées à clé à l’heure des repas pour que tout le monde puisse les prendre ensemble. Maurice et Germaine-Marie risquaient gros en donnant asile à des Juifs. Dans sa déposition après la guerre, Andrée déplore ne pas trouver les mots pour saluer la chaleur, la gentillesse et l’affection dont les Clément entouraient sa famille. En été 1944, Andrée venait d’avoir dix-huit ans. Au bout de deux semaines de claustration dans la chambre de son amie, elle n’en pouvait plus. Sa mère et elle décidèrent donc de quitter leur refuge pour rejoindre Marcel Blum. Maurice tenta en vain de les en dissuader. Au mépris du danger que courait sa propre famille et ne voyant que les périls que devraient affronter les deux femmes. Il les aida à quitter le village et à arriver à bon port. Après la guerre, les deux familles restèrent amies; les deux filles étaient très liées. A l’été 1973, après la mort de Marcel Blum, sa femme et sa fille invitèrent Maurice Clément, sa femme Germaine-Marie et la suissesse Maria Junker-Kissling, qui s’était occupée des enfants, à visiter avec elles Israël.
Le 18 juillet 1973, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Maurice et Germaine-Marie Clément, le titre de Juste parmi les Nations.