Dossier n°529 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1969

Emile Carpentier

Année de nomination : 1969
Date de naissance : 15/08/1888
Date de décès : 09/05/1948
Profession : Maire
    Localisation Ville : Outreau (62230)
    Département : Pas-de-Calais
    Région : Hauts-de-France

    L'histoire

    Emile Carpentier, maire d’Outreau près de Boulogne sur Mer (Pas-de-Calais), était connu pour ses positions libérales et était membre de plusieurs organisations de droits de l’homme. Trés impressionné dans sa jeunesse par le procès Dreyfus, il s’était juré de se battre contre l’injustice. En 1934, il avait accepté de faire partie d’un comité d’aide à des Juifs ayant fui l’Allemagne qui étaient venus s’installer à Boulogne. Si, pendant l’Occupation, il ne fut membre d’aucune organisation de résistance connue, il se dépensa sans compter en faveur des victimes des persécutions nazies. Il sauva Ernest et Lily Dohan, un couple de Juifs de Tchécoslovaquie qui, s’étant enfuis de leur pays, avait trouvé refuge à Boulogne-sur-Mer. A l’été 1940, la ville se trouvait dans la zone des combats, et les Allemands décidèrent d’arrêter tous les étrangers vivant dans le département. C’était le cas des Dohan. Le couple figurait en effet au registre des réfugiés étrangers et était donc menacé de déportation. Le maire était au courant de la rafle qui se préparait. Il savait aussi que les Allemands le soupçonnaient déjà et que tenter de sauver des gens pouvait mettre en danger sa propre vie. Cela ne l’empêcha pas d’organiser la fuite des Dohan. Il leur fournit un faux laissez-passer, grâce à ses contacts avec les cheminots. Puis, malgré le risque qu’il prenait, il insista pour accompagner lui même les Dohan, qui devaient sauter du train à un certain point où une voiture les attendrait pour les emmener en lieu sûr. Tandis que la police fouillait la ville d’Outreau, les deux réfugiés prirent le train et quittèrent la ville tranquillement… Elie Merkreb, un Juif de Belgique, faisait partie d’un groupe de prisonniers que les Allemands employaient pour travailler aux fortifications d’Auriginy, une des îles anglo-normandes. En 1944, ces prisonniers furent transférés à Boulogne avant d’être expédiés vers une destination inconnue à l’est. Quarante d’entre eux réussirent à s’échapper. Ils contactèrent Emile Carpentier, qui les plaça chez des familles françaises, leur fournissant faux papiers et fausses cartes d’alimentation; ils purent ainsi quitter rapidement la région. Peu d’entre eux furent repris. Elie Merkreb resta en contact avec le maire jusqu’à sa mort en 1948; ensuite, il continua à correspondre avec sa veuve. Dans une lettre écrite par le vice-président de l’association des détenus politiques d’Aurigny, sont évoquées les événements de l’année 1944, en rendant hommage à l’aide reçue du maire : « L’accueil de M. Carpentier fut tellement fraternel que, du coup, ils oublièrent tout ce que l’attitude des « Vichyssois » avait pu avoir de pénible, d’indigne même à l’égard d’autres Français. »

    A la mort d’Emile Carpentier, les habitants de Boulogne-sur-Mer lui élevèrent une statue sur la place de la ville, en hommage à son rôle sous l’occupation.

    Le 29 avril 1969, Yad Vashem a décerné à Emile Carpentier le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Aucun document

    Articles annexes

    Aucun autre article