Les Justes
Année de nomination : 1969Emile Carpentier
Année de nomination : 1969Date de naissance : 15/08/1888
Date de décés : 09/05/1948
Profession : Maire
Département : Pas-de-Calais
Région : Hauts-de-France
Personnes sauvées
L'histoire
Emile Carpentier, maire d’Outreau près de Boulogne sur Mer (Pas-de-Calais), Ă©tait connu pour ses positions libĂ©rales et Ă©tait membre de plusieurs organisations de droits de l’homme. TrĂ©s impressionnĂ© dans sa jeunesse par le procès Dreyfus, il s’Ă©tait jurĂ© de se battre contre l’injustice. En 1934, il avait acceptĂ© de faire partie d’un comitĂ© d’aide Ă des Juifs ayant fui l’Allemagne qui Ă©taient venus s’installer Ă Boulogne. Si, pendant l’Occupation, il ne fut membre d’aucune organisation de rĂ©sistance connue, il se dĂ©pensa sans compter en faveur des victimes des persĂ©cutions nazies. Il sauva Ernest et Lily Dohan, un couple de Juifs de TchĂ©coslovaquie qui, s’Ă©tant enfuis de leur pays, avait trouvĂ© refuge Ă Boulogne-sur-Mer. A l’Ă©tĂ© 1940, la ville se trouvait dans la zone des combats, et les Allemands dĂ©cidèrent d’arrĂŞter tous les Ă©trangers vivant dans le dĂ©partement. C’Ă©tait le cas des Dohan. Le couple figurait en effet au registre des rĂ©fugiĂ©s Ă©trangers et Ă©tait donc menacĂ© de dĂ©portation. Le maire Ă©tait au courant de la rafle qui se prĂ©parait. Il savait aussi que les Allemands le soupçonnaient dĂ©jĂ et que tenter de sauver des gens pouvait mettre en danger sa propre vie. Cela ne l’empĂŞcha pas d’organiser la fuite des Dohan. Il leur fournit un faux laissez-passer, grâce Ă ses contacts avec les cheminots. Puis, malgrĂ© le risque qu’il prenait, il insista pour accompagner lui mĂŞme les Dohan, qui devaient sauter du train Ă un certain point oĂą une voiture les attendrait pour les emmener en lieu sĂ»r. Tandis que la police fouillait la ville d’Outreau, les deux rĂ©fugiĂ©s prirent le train et quittèrent la ville tranquillement… Elie Merkreb, un Juif de Belgique, faisait partie d’un groupe de prisonniers que les Allemands employaient pour travailler aux fortifications d’Auriginy, une des Ă®les anglo-normandes. En 1944, ces prisonniers furent transfĂ©rĂ©s Ă Boulogne avant d’ĂŞtre expĂ©diĂ©s vers une destination inconnue Ă l’est. Quarante d’entre eux rĂ©ussirent Ă s’Ă©chapper. Ils contactèrent Emile Carpentier, qui les plaça chez des familles françaises, leur fournissant faux papiers et fausses cartes d’alimentation; ils purent ainsi quitter rapidement la rĂ©gion. Peu d’entre eux furent repris. Elie Merkreb resta en contact avec le maire jusqu’Ă sa mort en 1948; ensuite, il continua Ă correspondre avec sa veuve. Dans une lettre Ă©crite par le vice-prĂ©sident de l’association des dĂ©tenus politiques d’Aurigny, sont Ă©voquĂ©es les Ă©vĂ©nements de l’annĂ©e 1944, en rendant hommage Ă l’aide reçue du maire : « L’accueil de M. Carpentier fut tellement fraternel que, du coup, ils oublièrent tout ce que l’attitude des « Vichyssois » avait pu avoir de pĂ©nible, d’indigne mĂŞme Ă l’Ă©gard d’autres Français. »
A la mort d’Emile Carpentier, les habitants de Boulogne-sur-Mer lui Ă©levèrent une statue sur la place de la ville, en hommage Ă son rĂ´le sous l’occupation.
Le 29 avril 1969, Yad Vashem a décerné à Emile Carpentier le titre de Juste parmi les Nations.
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