Dossier n°5535 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Albertine (Fourchon) Cardin

Année de nomination : 1992
Date de naissance : 08/05/1896
Date de décès : 01/01/1985
Profession : Directrice d’école

Joseph-Marie Cardin

Année de nomination : 1992
Date de naissance : 09/01/1896
Date de décès : 01/01/1947
Profession :

Josèphe (Cardin) Masse

Année de nomination : 1992
Date de naissance : 10/05/1923
Date de décès : 01/01/1992
Profession : Lycéenne
    Localisation Ville : Gentilly (94250)
    Département : Val-de-Marne
    Région : Ile-de-France

    L'histoire

    Pendant l’occupation, la famille Cardin, qui habitait Gentilly (Val de Marne) dans la banlieue sud de Paris, donna asile à plusieurs Juifs. Leur fille Josèphe-Marie était encore au lycée lorsque les autorités de Vichy obligèrent les Juifs à porter l’étoile jaune. Par solidarité avec ses amis juifs et pour protester contre cette mesure humiliante, l’adolescente porta l’étoile elle aussi. De septembre 1942 à septembre 1944, ses parents, Albertine et Joseph-Marie, hébergèrent Pearl Golzman, camarade de lycée de la jeune fille, et son frère Henri, dont les parents avaient été arrêtés. Les Cardin les traitèrent comme leurs propres enfants et refusèrent toute rémunération. Ils leur procurèrent de faux papiers et des cartes d’alimentation. Ils aidèrent également d’autres Juifs de la même façon. Une nuit, alors que le couvre-feu était en vigueur, Anne Wellers, émigrée juive de Russie, frappa à leur porte. Elle avait entendu dire que ses enfants et elle étaient sur le point d’être déportés et avait couru se réfugier avec eux chez les Cardin, dont Josèphe lui avait donné l’adresse « à tout hasard ». Les trois fugitifs furent accueillis chaleureusement. Dans ses mémoires, Josèphe raconta comment ses parents avaient réussi à nourrir tout ce monde. Son père, Joseph-Marie, était Breton et le réseau de fraternité bretonne lui permit de se ravitailler. Sa sœur, restée en Bretagne, lui envoyait du beurre et de la nourriture; le boulanger et le boucher de Gentilly, Bretons tous les deux, les dépannaient; d’autres amis leur fournissaient les fausses cartes d’alimentation. Tous ces achats de faisaient sur la base du troc, en évitant le recours au marché noir. La famille Cardin avait aussi recueilli Yvonne Netter, jeune avocate juive. Arrêtée et internée au camp de Pithiviers, la jeune femme avait réussi à s’échapper grâce à l’aide de Jules Tessier (q.v.), qui la cacha dans sa maison de Pithiviers puis alla prévenir les Cardin. Josèphe alla chercher Yvonne et la conduisit chez ses parents. Toujours dans ses mémoires, elle raconte que leur coeur battait la chamade en passant devant les nombreux contrôles de police. Josèphe donna aussi des faux papiers et de l’argent à la jeune avocate, qui resta chez les Cardin jusqu’à son départ pour la zone sud où elle se cacha chez des amis de Josèphe. Cette dernière paya cher son courage. Un jour qu’elle marchait dans la rue, l’étoile jaune au revers, elle fut arrêtée et internée pendant deux mois au camp des Tourelles d’où elle fut transférée à Drancy. Là aussi elle chercha à aider les Juifs, s’occupant de petits enfants qui avaient été séparés de leurs parents et tentant d’adoucir leur sort. Elle eut la chance d’être libérée.

    Le 14 décembre 1992, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Albertine et Joseph-Marie Cardin ainsi qu’à leur fille Josèphe-Marie, épouse Massé, le titre de Juste parmi les Nations.