Dossier n°5653A - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Jules Boucherit

Année de nomination : 1993
Date de naissance : 29/03/1877
Date de décès : 01/04/1962
Profession : Violoniste de renom, un grand professeur du conservatoire
    Localisation Ville : Bourron-Marlotte (77780)
    Département : Seine-et-Marne
    Région : Ile-de-France

    L'histoire

    En octobre 1940, la législation sur le statut des Juifs instaure un numerus clausus limitant le nombre de Juifs dans certaines professions et dans les établissements d’enseignement supérieur. Le Conservatoire national de Paris, la principale école de musique de France, est l’un des établissements visés. Cette prestigieuse institution publique comme tous les autres instituts supérieurs d’enseignement a l’obligation de fournir la liste des étudiants juifs en spécifiant le degré de judaïté. Le directeur de l’époque très zélé la même donné avant qu’on le lui demande et tous furent exclus. En deux ans, il ne reste que 3 professeurs juifs sur 75 enseignants et 20 étudiants juifs sur 580 élèves.

    Jules Boucherit, violoniste de renom, interprète estimé par Fauré et Saint-Saëns, et l’un des plus grands professeurs du Conservatoire de 1920 à 1945, attire des étudiants du monde entier.

    A la rentrée d’octobre 1940, plusieurs Juifs se sont inscrits dans sa classe : David Erlih, Lionel Gali, Michel Schwalbe, Ivry Gitlis, Charles Cyroulnik et Denise Soriano. Jules Boucherit trouve alors un moyen de contourner les décrets anti-juifs. Il risque sa vie sous l’occupation pour sauver celle des jeunes musiciens poursuivis par les nazis en les cachant chez lui. Prétextant sa mauvaise santé (il a alors plus de soixante ans) et avec l’accord de Claude Delvincourt, directeur administratif de l’école, il transfère ses cours dans une villa de Burron-Marlote, « la Chansonnière »au sud de Paris, près de Fontainebleau. Le fait de déplacer ses cours ailleurs qu’au Conservatoire lui a permis de ne pas donner les listes de ses élèves aux autorités françaises et allemandes, contrairement à d’autres professeurs. Cette maison est mise à sa disposition par une amie et collègue du Conservatoire, la pianiste Magda Tagliaferro, qui a été forcée de s’enfuir en Amérique du Sud. Lorsque la situation des Juifs à Paris se dégrade en 1942, les étudiants juifs et leurs familles viennent tous s’installer avec le professeur dans cette résidence. Ils y demeurent jusqu’à la libération. Non content de leur donner des cours, Jules Boucherit leur assure le gîte et le couvert malgré les restrictions alimentaires. Jules Boucherit sait qu’il risque sa vie, la Kommandantur est installée à 10 kilomètres de sa maison. Fait remarquable, aucun des domestiques, aucun des voisins ne dénonce aux autorités les habitants illégaux de la villa. Après la guerre, le professeur Boucherit épouse une de ses élèves juives, Denise Soriano, qui devient à son tour violoniste de renom et professeur.

    Le 28 février 1993, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Jules Boucherit le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Article de presse - Le Figaro du 18/05/1982Article de presse – Le Figaro du 18/05/1982