Dossier n°568 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Germaine Chesneau

Année de nomination : 1969
Date de naissance : 31/10/1894
Date de décès : 29/01/1983
Profession : Directrice d’un Home d’enfants
    Localisation Ville : Romans-sur-Isère (26100)
    Département : Drôme
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Vers la fin du mois d’août 1942, deux enfants juifs, Haya et Pinhas Spielman, internés au camp de transit de Vénissieux, près de Lyon, sont séparés de leurs parents. Ces derniers, originaires de Belgique, sont envoyés au camp de Drancy, puis déportés à Auschwitz. Les petits Spielman, quant à eux, sont extraits du camp dans le cadre d’une vaste opération menée par des organisations bénévoles, qui parviennent à sauver plus de 120 enfants. Peu après, la police exige leur retour. Les sauveteurs décident alors de disperser les jeunes et de les cacher.

    Haya et Pinhas trouvent refuge chez Germaine Chesneau, qui a transformé en foyer d’accueil un vieux château situé sur le domaine du Peyrins, près de Romans, dans la Drôme. Issue d’un milieu bourgeois et sensible aux idées maçonniques, Germaine appartient à la première promotion féminine de l’École supérieure agricole de Grignon. Elle accueille chaleureusement les enfants et se consacre entièrement à secourir ceux qui n’ont plus de foyer. La perte de son époux en 1939 et la naissance de son troisième enfant n’ont fait que renforcer son engagement.

    Son établissement héberge un grand nombre de Juifs, enfants et adultes, dont plusieurs sont employés comme enseignants ou moniteurs. Le soutien actif de la population locale s’avère déterminant, notamment pour l’approvisionnement en nourriture, en charbon et en biens essentiels. Consciente du danger qu’elle fait courir au foyer et à sa propre famille, Germaine fait installer un téléphone et une cloche pour alerter les enfants en cas de descente de police ou de la Gestapo. Les moniteurs ont alors pour consigne de cacher les jeunes dans les caves du château. Elle attribue également de faux noms aux enfants juifs et leur retire tout objet pouvant trahir leur origine — livres de prière, bibles ou souvenirs familiaux.

    En août 1944, un mardi, 64 personnes quittent précipitamment le château pour se réfugier dans les bois ; toutes échappent sainement au danger. Germaine explique avec douceur aux enfants que certains noms, comme Spielman, sont trop dangereux à porter, et leur demande de choisir eux-mêmes un nouveau nom commençant par la même initiale. Ce stratagème leur permet de conserver un lien avec leur identité nouvelle.

    Durant toute leur présence au château, les réfugiés ne manquent de rien. Germaine s’efforce d’adoucir la douleur et l’angoisse causées par la séparation d’avec leurs parents. Haya et Pinhas Spielman y séjournent près d’un an, jusqu’au printemps 1944, avant d’être pris en charge par des membres de l’OSE. Ceux-ci les conduisent à Toulouse, puis leur font traverser les Pyrénées pour rejoindre l’Espagne. De là, ils gagnent Lisbonne et, en novembre 1944, embarquent pour la Palestine où ils sont accueillis dans un kibboutz.

     

    Germaine Chesneau continue, toute sa vie, de s’intéresser à eux. Haya Spielman lui reste toujours profondément attachée, tandis que Pinhas, dans sa déposition après-guerre, parle d’elle avec une immense reconnaissance et la qualifie de « femme précieuse », ajoutant qu’aucune récompense ne saurait être à la mesure de ses actions. Germaine Chesneau écrit à l’institution pour exprimer son émotion face à la fidélité touchante de tant de rescapés, en Israël ou ailleurs, qui sont restés en contact avec elle.

     

    Le 15 décembre 1969, Yad Vashem, Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné  Germaine Chesneau le titre de Juste parmi les Nations.

     

     

    Germaine Chesneau, Une grande dame



    Mis à jour il y a 2 semaines.