Les Justes
Germaine Chesneau
Année de nomination : 1969Date de naissance : 31/10/1894
Date de décès : 29/01/1983
Profession : Directrice d’un Home d’enfants
Département : Drôme
Région : Auvergne-Rhône-Alpes
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
Vers la fin du mois d’août 1942, deux enfants juifs, Haya et Pinhas Spielman, internés au camp de transit de Vénissieux près de Lyon, furent séparés de leurs parents. Ces derniers, des Juifs venus de Belgique, avaient été envoyés au camp de Drancy, d’où ils furent déportés à Auschwitz. Les petits Spielman furent extraits du camp de Vénissieux dans le cadre d’une opération de grande envergure menée par des organisations bénévoles, qui sauvèrent ainsi 108 enfants. Peu après, la police exigea leur retour. Les sauveteurs décidèrent alors de disperser les jeunes et de les cacher. Haya et Pinhas arrivèrent ainsi chez Germaine Chesneau, qui avait transformé en foyer d’accueil un vieux château situé dans le domaine du Peyrins, près de la cité de Romans, dans la Drôme. Ils y furent accueillis chaleureusement. Germaine Chesneau s’était tout entière consacrée à secourir les enfants qui n’avaient plus de foyer. Son établissement abritait alors un grand nombre de Juifs, enfants et adultes. Beaucoup de ces derniers y étaient employés comme enseignants ou moniteurs. Germaine Chesneau était consciente du danger auquel elle exposait le foyer et sa propre famille. Elle avait fait installer un téléphone et une cloche pour prévenir les enfants en cas de descente de police ou de la Gestapo; les moniteurs devaient alors les cacher dans les caves du château. Elle donnait de faux noms aux enfants juifs et leur retirait, pour l’enterrer, tout ce qui pouvait trahir leur origine – livres de prière, bibles ou souvenirs de la maison. Pendant toute la durée de leur séjour, les réfugiés ne manquaient de rien. Germaine faisait tout son possible pour leur faire oublier la douleur et l’angoisse provoquées par la séparation d’avec leurs parents. Haya et Pinhas Spielman séjournèrent au château près d’une année, jusqu’au printemps 1944. Des membres de l’OSE vinrent alors les chercher pour les conduire à Toulouse, puis leur faire traverser les Pyrénées et atteindre l’Espagne. Ils furent ensuite conduits à Lisbonne, d’où, en novembre 1944, ils gagnèrent la Palestine et furent accueillis dans un kibboutz. Germaine Chesneau continua toute sa vie à s’intéresser à eux. Chaque fois qu’Israël était en guerre, elle les invitait à venir se réfugier chez elle jusqu’à ce que le danger soit écarté. Haya Spielman lui resta toujours très attachée. Quant à Pinhas, dans sa déposition faite après la guerre, il en parle avec une profonde reconnaissance et la qualifie de « femme précieuse », ajoutant que nulle récompense ne pourrait être à la mesure de ses actions. En 1970, après qu’elle eut reçu le titre de Juste des Nations, Germaine Chesneau écrivit à Yad Vashem pour dire son émotion devant la touchante fidélité de tant de rescapés, vivant en Israël ou ailleurs, qui étaient restés en contact avec elle. Sylvia Bordan Grossman, de New York, auteur d’un ouvrage sur le sauvetage des enfants juifs en France pendant la guerre, en rencontra plusieurs devaient la vie à Germaine Chesneau, et lui rendit visite en 1982, peu avant sa mort.
Le 15 décembre 1969, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Germaine Chesneau, le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
Germaine Chesneau, Une grande dame |