Les Justes
Jean Fleury
Année de nomination : 1964Date de naissance : 21/02/1905
Date de décés : 04/12/1982
Profession : Prêtre des nomades internés au camp de Poitiers, supérieur du collège Saint-Joseph de Poitiers
Département : Vienne
Région : Centre-Val de Loire
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire
Le père Jean Fleury, qui vivait Ă Poitiers, se consacra pendant l’Occupation au sauvetage de Juifs persĂ©cutĂ©s. Dans le cadre de ses fonctions sacerdotales, il se rendait tous les jours dans un camp de dĂ©tention pour Tziganes adjacent au camp de la Route de Limoges, oĂą Ă©taient internĂ©s Ă©galement des Juifs. Il y rencontrait son ami le jeune rabbin Elie Bloch, qui n’avait pas le droit de pĂ©nĂ©trer dans le camp oĂą se trouvaient ses coreligionnaires. Les deux hommes avaient de longues conversations. Le prĂŞtre communiquait au rabbin des nouvelles du camp, lui transmettait des lettres Ă©crites par les internĂ©s et l’aidait dans ses efforts pour protĂ©ger les Juifs malades ou les familles qui avaient des enfants mineurs. Le père Jean Fleury affichait ouvertement ses relations avec Élie Bloch. En fĂ©vrier 1943, le rabbin fut arrĂŞtĂ© et dĂ©portĂ© Ă Auschwitz avec sa femme et sa fille, encore bĂ©bĂ©. DĂ©sormais le prĂŞtre assuma seul la liaison entre les Juifs du camp et le reste du monde. Il rĂ©ussit Ă faire libĂ©rer des enfants et leur trouva des familles d’accueil. Grâce Ă ses liens Ă©troits avec les rĂ©seaux clandestins français, il put faire passer les enfants en zone sud, après leur avoir fourni des faux papiers et des autorisations de voyage – plus d’une fois il leur donna Ă©galement de l’argent et des vivres. Après la guerre, la famille Breidick, des Juifs rĂ©fugiĂ©s dans un petit village Ă une cinquantaine de kilomètres de Poitiers, racontèrent dans leur tĂ©moignage qu’un jour de septembre 1943, une jeune femme Ă bicyclette vint leur dire que le père Fleury leur conseillait de s’enfuir immĂ©diatement. Elle les accompagna jusqu’Ă une Ă©cole catholique situĂ©e Ă proximitĂ©, et ils y passèrent la nuit. Ensuite, ils se cachèrent pendant quinze jours chez des paysans, puis furent conduits en camion dans un couvent de Poitiers oĂą le religieux les attendait. Deux jours plus tard, le père Fleury leur remit de faux papiers et des autorisations de voyage pour se rendre Ă Lyon, oĂą il leur avait trouvĂ© un abri dans un monastère. C’est ainsi que les Breidick eurent la vie sauve. Le prĂŞtre Ă©tait mĂ» par des considĂ©rations purement humanitaires. Dans leurs tĂ©moignages, de nombreux survivants Ă©voquent avec gratitude les efforts dĂ©ployĂ©s par Jean Fleury pour les sauver. Comme l’Ă©crivit l’un d’entre eux : « Le père Fleury a aidĂ© et sauvĂ© dans la mesure de ses possibilitĂ©s, chaque homme en peine, juif, nomade ou communiste, en mettant constamment sa vie en danger. Il l’a fait par amour du prochain. » Le rabbin Joseph Bloch, père du rabbin Elie Bloch, Ă©crivait pour sa part : « Nous gardons une gratitude Ă©ternelle pour le père Fleury; dans notre conscience il a sa place au rang parmi les justes du genre humain. »
Après la guerre le père Jean Fleury devint directeur du ComitĂ© des Ĺ’uvres Sociales de la RĂ©sistance, et dans ce cadre il continua Ă aider les survivants. Le gouvernement français le nomma chevalier de la LĂ©gion d’Honneur en hommage Ă ses activitĂ©s.
Le 24 mars 1964, Yad Vashem – Institut International pour la MĂ©moire de la Shoah, a dĂ©cernĂ© au père Jean Fleury le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
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