Dossier n°5941 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Alexandre Brolles

Année de nomination : 1994
Date de naissance : 21/12/1907
Date de décès : //
Profession : Directeur du camps de vacances relais de l’OSE
    Localisation Ville : Le Puy-en-Velay (43000)
    Département : Haute-Loire
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    En 1935, Alex Brolles fonda « Les Petits Bergers des Cévennes ». Cette institution organisait des colonies de vacances à la campagne pour des petits citadins de 12 à 16 ans issus de milieux pauvres. La direction se trouvait à Paris; les camps se tenaient sur les plateaux de la Haute-Loire, non loin de la ville du Puy. A partir de 1938, ils commencèrent à accueillir également de jeunes délinquants que leur adressaient les tribunaux pour enfants. Avec le début de la guerre, la situation changea du tout au tout; désormais, affluaient des réfugiés fuyant les bombardements de Paris et les difficultés de ravitaillement – et ils restaient au delà des vacances. Il y avait parmi eux des Juifs. Plus tard, l’OSE envoya dans ces centres des enfants juifs menacés de déportation. Le réseau des « Petits Bergers » se développa. Un nouveau centre s’ouvrit dans une école désaffectée à Polignac. Il accueillit environ 40 enfants tandis que des dizaines d’autres étaient hébergés dans des fermes de la région, où ils travaillaient aux champs et gardaient les moutons. Alex Brolles dirigeait personnellement le centre de Polignac. Il était aussi le seul à savoir qui parmi les enfants était juif. Vers la fin du mois d’avril 1944, l’OSE lui envoya deux autres pensionnaires. L’un d’eux était le petit Pierre Weil, alors âgé de onze ans. Ses parents avaient été arrêtés à Eymoutiers, en Haute-Vienne, puis déportés. L’enfant n’avait pas été pris parce que ses parents l’avaient caché chez des fermiers voisins. Cependant, devant l’aggravation du danger, ces derniers ne voulaient plus le garder. Heureusement les grands-parents de Pierre n’avaient pas été inquiétés et, avec l’aide de l’OSE, ils l’envoyèrent « en colonie de vacances » près du Puy. Lors de leur première rencontre, Alex Brolles expliqua au petit garçon qu’il devait faire tout ce qu’on lui disait sans poser de questions. Tout d’abord son nom fut changé de Weil en Wil. Un jour, l’enfant fut convoqué chez le directeur, qui l’accusa d’avoir volé des enveloppes à un ami. Ce type de délit était puni de deux jours de cachot. Ce n’est qu’à la Libération que, redevenu Pierre Weil, l’enfant comprit que ce jour là, les Allemands étaient venus à la colonie, dont ils avaient utilisé une partie des installations pendant vingt-quatre heures. En isolant le garçon, mis au cachot, Alex Brolles s’assurait qu’il ne serait pas repéré par les Allemands. Pierre passa les six mois d’occupation qui restaient à la colonie, suivant les cours de l’école catholique du village. En septembre 1992, Pierre Weil rencontra son sauveteur. Pourquoi avez-vous sauvé des enfants juifs, lui demanda-t-il. « Parce qu’il fallait le faire », répondit Alex Brolles.

    Le 9 janvier 1994, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Alex Brolles le titre de Juste parmi les Nations.