Les Justes
Fernande Arnoult
Année de nomination : 1994Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Cordonnière
Maurice Arnoult
Année de nomination : 1994Date de naissance : 23/06/1908
Date de décès : 31/03/2010
Profession : Bottier
Paul Arnoult
Année de nomination : 1994Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Cordonnier
Département : Paris
Région : Ile-de-France
Lieu de mémoire
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire

Maurice Arnoult
En 1933, le couple Krolik, des réfugiés juifs originaires de Pologne et leur petit garçon Joël âgé de deux ans, s’installent à Paris, au 83/85 rue de Belleville dans le XIXème arrondissement de Paris. Ils habitent dans un immeuble très vétuste, dans un appartement de deux pièces sans confort. Ici naissent les trois autres enfants du couple, Rosette en janvier 1934, Annette en février 1936 et Joseph en juin 1939.
Léon Krolik, tailleur, a un modeste atelier dans son petit appartement de deux pièces, et son épouse s’occupe du foyer.
Tous les locataires de l’immeuble sont des étrangers, à l’exception de Maurice Arnoult, qui avait quitté son village pour s’installer à Paris où il ouvre après avoir appris le métier son propre atelier. Ce bottier, fils de cordonnier, a alors 29 ans quand il s’installe en 1937 dans la cour du bâtiment. En effet, Belleville est célèbre au début du siècle pour la qualité de ses chaussures. Seul Français de l’immeuble, c’est tout naturellement vers lui que les autres locataires se tournent quand ils doivent remplir un formulaire ou écrire une lettre. Il est en excellents termes avec tous ses voisins et voit la famille Krolik s’agrandir. Maurice Arnoult a beaucoup de respect pour ses voisins qui travaillent dur et ne se plaignent jamais de leur difficile existence. Les enfants Krolik vont souvent après l’école passer de longs moments dans l’atelier de Maurice ou il travaille avec sa compagne Alice, elle aussi juive.
Dès le mois d’octobre 1940, les Juifs reçoivent l’ordre de se faire enregistrer au commissariat de police le plus proche. Léon Krolik, comme tous les autres Juifs étrangers désireux d’acquérir la nationalité française, n’envisage pas un instant de désobéir. Dans le courant du mois de juillet 1942, d’inquiétantes rumeurs commencent à circuler ; il est question d’une grande rafle des Juifs à Paris, dont le déclenchement serait imminent. Tandis que l’aînée des filles, Rosette, est envoyée chez un parent éloigné qui vit dans les environs de Paris, ses parents et ses trois frères et sœurs restent à Belleville.
Le 15 juillet 1942, Maurice Arnoult va voir les Krolik et leur propose de mettre les enfants en sûreté chez ses parents à Savigny-sur-Orge, en banlieue parisienne. Le soir même, ayant décousu l’étoile jaune des vêtements de Joël, Maurice conduit le garçonnet chez son père et sa belle-mère, empruntant les transports en commun malgré le grave danger qu’il encoure. Il compte placer la petite Annette et le bébé Joseph chez d’autres familles et, les Krolik ayant donné leur accord, il s’apprête à revenir les chercher le lendemain. Malheureusement la grande rafle de Paris est déclenchée à quatre heures cette nuit-là, les Krolik et leurs deux enfants sont arrêtés et déportés, sans retour.
Lorsque Maurice arrive dans la matinée, il ne trouve plus personne. Ses parents s’occupent du petit Joël avec dévouement et l’envoient à l’école du village avec les autres enfants de la localité.
Toutefois, en décembre de la même année, Maurice arrive à la conclusion que le village était trop près de Paris pour être vraiment sûr. Il procure de faux papiers à Joël et l’envoie dans un village plus éloigné dans l’Eure-et-Loir où il trouve une famille de fermiers, prête à l’accueillir. Là, il passe son certificat d’étude et aide aux travaux de la ferme, il y reste pendant deux ans jusqu’en décembre 1944 sous un faux nom. Puis il est envoyé dans un foyer pour enfant de déportés où il retrouve sa sœur Rosette.
Les liens ont perduré avec Maurice jusqu’à la mort de ce dernier en 2010. Joël dira « je n’oublierai jamais que c’est lui qui m’a sauvé la vie, je lui dois non seulement d’être encore vivant mais aussi d’avoir évité l’horreur des wagons plombés et des camps d’extermination. »
Le 31 mai 1994, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Maurice Arnoult, à son père Paul et à sa belle-mère Fernande, le titre de Juste parmi les Nations.