L'histoire

Camille et Fernande Rivoire habitaient à Romans-sur-Isère, dans la Drôme. En janvier 1943, alors que la région venait de passer sous l’occupation allemande, ils acceptèrent d’héberger Renée Spindel, une adolescente juive de seize ans. Celle-ci avait pu quitter l’Autriche avant la guerre grâce à une œuvre caritative qui l’avait confiée en France à l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants), organisation juive qui, durant l’Occupation, parvint à sauver plusieurs milliers d’enfants en les plaçant dans des familles ou institutions d’accueil. Passant, avec sa sœur Brigitte, d’un établissement à l’autre dans des conditions souvent précaires, Renée fut finalement placée chez les Rivoire grâce à Aimée Regache, infirmière et résistante drômoise, qui fut elle aussi honorée du titre de Juste parmi les Nations. Cette dernière était la correspondante régionale du rabbin Jacob Kahan, chargé de coordonner le sauvetage et le placement des enfants juifs dans la zone sud, notamment dans la Drôme et l’Ardèche — territoires où la Résistance et les réseaux de solidarité furent particulièrement actifs.

Romans-sur-Isère, tout comme les villages voisins du Vercors, connut alors une intense activité clandestine. De nombreuses familles, souvent modestes, accueillirent des réfugiés ou des enfants juifs, au péril de leur vie. C’est dans ce climat de courage et de solidarité que Camille et Fernande Rivoire prirent soin de Renée, avec un dévouement exemplaire et sans jamais chercher la moindre contrepartie. Ils la protégèrent jusqu’après la Libération.

En août 1945, sa mère, ayant appris où elle se trouvait, vint la chercher. Renée resta toujours en lien avec ses sauveurs, même après son mariage et son départ pour les États-Unis. Elle revint à plusieurs reprises à Romans pour leur rendre visite. À la mort de Camille, Renée vint réconforter Fernande, fidèle à la mémoire de ceux qui lui avaient sauvé la vie.

Le 12 juin 1994, Yad Vashem – Institut international pour la Mémoire de la Shoah – décerna à Fernande et Camille Rivoire le titre de Juste parmi les Nations, en reconnaissance de leur humanité et de leur courage au cœur de l’une des périodes les plus sombres de l’histoire.