Les Justes
Année de nomination : 1994Clothilde Regereau
Année de nomination : 1994Date de naissance : 22/07/1898
Date de décès : 19/12/1987
Profession : Religieuse au couvent de l’ordre des Filles de la Charité
Département : Paris
Région : Île-de-France
Lieu de mémoire
Personnes sauvées
L'histoire
Les Mueller, une famille de réfugiés juifs étrangers, habitaient à Paris avec leurs quatre enfants. En juillet 1942, l’aîné, Jean, avait onze ans; Henri, dix ans, Annette, neuf ans et Michel, sept ans. Le 15 juillet, le directeur de l’école communale qu’ils fréquentaient vint prévenir les Mueller qu’une rafle était imminente, et aurait lieu sans doute le jour suivant. Malheureusement, ni le directeur ni les Mueller n’envisagèrent un seul instant qu’on arrêterait aussi les femmes et les enfants. Cette nuit-là, M. Mueller fut donc le seul à se cacher; il trouva refuge chez le concierge de l’immeuble. Le lendemain, 16 juillet, des policiers français se présentèrent au domicile de la famille et arrêtèrent Mme Mueller et ses quatre enfants, qu’ils conduisirent au point de rassemblement de leur arrondissement. Les deux grands garçons furent sauvés par une femme juive qu’on relâcha parce que son mari était prisonnier de guerre en Allemagne : elle déclara qu’ils étaient ses fils et les policiers firent semblant de la croire. Jean et Henri rejoignirent leur père, toujours caché chez le concierge. Tous trois commencèrent à chercher un asile. Aucun de leurs amis et connaissances ne se montra prêt à les accueillir, fut-ce pour un jour. Ils errèrent d’un endroit à l’autre pendant un certain temps. Le hasard leur fit rencontrer dans un train une religieuse qui écouta leur histoire avec sympathie. Soeur Clotilde Régereau, qui avait consacré sa vie aux pauvres et aux malheureux, offrit aux trois fugitifs asile dans son couvent, qui appartenait à l’ordre des Filles de la Charité. Ce n’est qu’à la nuit tombée que les Mueller osèrent frapper à la porte. La religieuse qui leur ouvrit ne se montra pas très hospitalière, elle leur permit néanmoins de se reposer sur un banc dans l’entrée. Lorsque Soeur Clotilde l’apprit, elle prit immédiatement des mesures pour placer les deux enfants dans un orphelinat catholique, où ils vécurent jusqu’à la fin de l’Occupation. Elle trouva également un petit hôtel de quartier qui accepta d’accueillir M. Mueller. Quelques semaines plus tard, Mme Mueller fut déportée à Auschwitz et les deux plus jeunes enfants confiés à une maison d’enfants tenue par l’UGIF, sous le contrôle des autorités. Après plusieurs mois d’incarcération, les petits étaient dans un état lamentable. Soeur Clotilde, de sa propre autorité et sans en référer à personne, prit le risque d’aller retirer les enfants de ce centre et de les conduire à l’orphelinat où se trouvaient déjà leurs deux frères. Les religieuses de l’établissement les accueillirent avec chaleur et s’en occupèrent avec dévouement. M. Mueller et ses quatre enfants survécurent ainsi à l’Occupation grâce au courage et à la générosité de Soeur Clotilde, qui aida encore la famille à se réunir à la Libération et à reprendre pied. Les Mueller restèrent en relations avec Soeur Clotilde jusqu’à sa mort en 1987.
Le 16 août 1994, Yad Vashem a décerné à sœur Clotilde Régereau le titre de Juste parmi les Nations.
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