Dossier n°6353 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1994

Adolphe Espanet

Année de nomination : 1994
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Chauffeur de taxi

Assunta Espanet

Année de nomination : 1994
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : femme de ménage
    Localisation Ville : Marseille (13000)
    Département : Bouches-du-Rhône
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire

    Les Schwetz vivaient à Lille avec leurs deux filles, Viviane et Josée, nées l’une en 1934 et l’autre en 1936. Quand la guerre éclata, M. Schwetz s’engagea dans la Légion Etrangère. Sa femme et ses filles quittèrent la ville, envahie par les réfugiés venant de Belgique, et errèrent à travers le pays, pour aboutir enfin à Rouen. En 1942, elles franchirent la ligne de démarcation pour rejoindre le père de famille qui, démobilisé, s’était installé à Marseille. Lorsque les Allemands occupèrent la zone sud, la situation devint périlleuse. M. Schwetz, qui avait été décoré pour ses exploits au front par le maréchal Pétain, ne se sentait pas en danger; toutefois l’été suivant sa femme et lui décidèrent de cacher les deux fillettes, afin de les mettre à l’abri. Des amis leur conseillèrent de s’adresser à Adolphe Espanet, un chauffeur de taxi dont la femme, Assunta, faisait des ménages et gardait des enfants. Le couple accepta moyennant le versement d’une pension pour l’entretien des petites. Adolphe Espanet venait régulièrement chercher du ravitaillement chez les Schwetz. En octobre 1943, lorsque l’année scolaire commença, ceux-ci engagèrent un instituteur pour donner aux deux filles des cours particuliers à domicile, chez les Espanet. Au début du mois de novembre, alors qu’Adolphe arrivait comme chaque semaine pour chercher le ravitaillement, il vit la Gestapo arrêter le couple Schwetz. La maman réussit à lui murmurer « mes filles » avant d’être emmenée. Il rentra chez lui si bouleversé que, pendant deux semaines, il fut incapable de dire aux fillettes que leurs parents avaient été arrêtés. Quand il les en informa enfin, il leur promit de continuer à les héberger et à s’occuper d’elles jusqu’au retour de leurs parents. Déportés à Auschwitz, les Schwetz n’en revinrent jamais. Les Espanet procurèrent de faux certificats de baptême aux petites et les envoyèrent à l’école. Malgré leurs modestes ressources, ils veillèrent à subvenir à leurs besoins, sans plus recevoir de contrepartie. Viviane et Josée les appelaient « maman » et « parrain ». Après la guerre, des amis rouennais de la famille Schwetz retrouvèrent la trace des enfants, qui figuraient sur les listes de la Croix-Rouge. Ils voulurent les adopter et les élever avec leurs trois fils. Les Espanet ne donnèrent leur accord qu’après s’être assurés qu’il s’agissait vraiment d’amis de la famille qui ne cherchaient que le bien des petites. Viviane et Josée continuèrent à venir les voir et à correspondre avec leurs sauveteurs. Bien des années plus tard, Adolphe Espanet leur raconta que, pendant tout leur séjour chez lui, l’un de ses voisins, lui aussi chauffeur de taxi, l’avait à maintes reprises menacé de le dénoncer parce qu’il cachait des juives. Les deux soeurs se rappelaient que les hommes s’étaient souvent querellés, mais elles n’avaient jamais su pourquoi.

    Le 17 octobre 1994, Yad Vashem a décerné à Adolphe et Assunta Espanet le titre de Juste parmi les Nations. 

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