Dossier n°6372 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Louis Joseph Pouyol

Année de nomination : 1994
Date de naissance : 11/01/1907
Date de décès : 30/05/1982
Profession : Médecin, Maire nommé par le gouvernement de Pétain
    Localisation Ville : Saint-Laurent-sur-Gorre (87310)
    Département : Haute-Vienne
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Louis Pouyol, un médecin qui militait dans le mouvement antisémite de droite Action Française, fut nommé maire de Saint-Laurent-sur-Gorre (Haute-Vienne) par le gouvernement de Pétain après la destitution du maire élu sous la Troisième République, suspect parce que franc-maçon. Le 30 janvier 1942, un couple arriva encadré par deux gendarmes : il venait d’être assigné à résidence au village. Il s’agissait du docteur Marx, ophtalmologiste juif d’une trentaine année, et de sa femme Annette. Avant la guerre, Paul Marx était chef de la clinique d’ophtalmologie à la faculté de médecine de Strasbourg. Appelé sous les drapeaux au début du conflit, il avait été démobilisé en décembre 1940. Malgré la législation anti-juive de Vichy interdisant aux médecins juifs d’exercer, il avait été autorisé à ouvrir un cabinet à Saint-Amand (Cher). Cette dérogation avait cependant été révoquée en janvier 1942 et il avait été assigné à résidence à Saint-Laurent-sur-Gorre. Le maire Louis Pouyol, lui même médecin, le reçut fraîchement. Toutefois, ayant consulté le dossier du nouveau venu à la préfecture, il découvrit que l’autorisation d’exercer la médecine ne lui avait été retirée que parce qu’il était juif, ce qui modifia profondément ses sentiments envers Marx. Au début de 1943, il lui demanda même de le remplacer lors d’un brève absence. Paul Marx lui rappela qu’il lui était formellement interdit d’exercer mais le maire déclara en prendre la responsabilité. En mars 1944, Louis Pouyol conseilla à Paul et Annette, qui avait eu un petit garçon entre temps, de s’enfuir car des arrestations de Juifs étaient prévues à Saint-Laurent. Avec l’assistance de son collègue maire de la commune voisine de Saint-Cyr, il y trouva une cachette pour les fugitifs, dans un bâtiment isolé et délabré. C’est là qu’Annette mit au monde son deuxième fils, en juin 1944. Sa présence à Saint-Cyr étant parfaitement illégale, Louis Pouyol enregistra la naissance sur les registres de Saint-Laurent. Le docteur Marx avait rejoint le maquis et il prit part aux combats pour la libération de la Haute-Vienne. Après la Libération, Les liens d’amitié nés pendant la guerre entre la famille Marx et le docteur Pouyol se poursuivirent de longues années durant.

    Le 28 novembre 1994, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah, a décerné à Louis Pouyol, le titre de Juste parmi les Nations.




    Mis à jour il y a 4 mois.