Dossier n°6569 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Adrien Saulnier

Année de nomination : 1995
Date de naissance : //
Date de décès : 08/07/2000
Profession : Technicien en radiologie

Marguerite (Dachaux) Saulnier

Année de nomination : 1995
Date de naissance : //
Date de décès : 29/08/2003
Profession : Employée de maison
    Localisation Ville : Paris (75016)
    Département : Paris
    Région : Ile-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    A l’été 1942, Adrien et Marguerite Saulnier, qui venaient de se marier, s’installèrent dans le 16ème arrondissement à Paris, près de la Porte de Saint-Cloud. Adrien était radiologue et son épouse femme au foyer. Dans l’abri anti-aérien de l’immeuble, où ils étaient descendu pendant un bombardement, les Saulnier firent la connaissance de leurs voisins les Sevi, Juifs originaires de Turquie. Leur fillette, Jacqueline, qui avait sept ans, tremblait de peur; les parents avaient l’air très inquiets. Marguerite leur demanda si elle pouvait faire quelque chose pour eux. Ils répondirent qu’ils n’avaient pas peur des bombardements, mais d’être arrêtés et déportés parce qu’ils étaient juifs. La jeune femme déclara spontanément que son mari s’occuperait de trouver à la petite Jacqueline un abri sûr, hors de Paris. Adrien Saulnier allait souvent voir ses parents qui habitaient Besançon, dans le Doubs. En septembre 1942, il réussit à trouver dans cette ville une famille d’accueil pour la fillette et se chargea lui même, malgré le danger, de l’escorter jusque chez les Wurth (q.v.). L’enfant vécut chez eux jusqu’à la Libération. La situation à Paris s’aggravant, les Sevi décidèrent de se cacher en grande banlieue. Ils déménagèrent en grand secret, après avoir confié leurs effets personnels et leurs biens les plus précieux aux Saulnier. Lorsque la police vint les arrêter, elle trouva l’appartement désert et aux trois quarts vide. Au début de l’année 1944, les Sevi se sentirent une nouvelle fois en danger et demandèrent à Adrien de les aider à trouver un refuge en province. Le jeune médecin persuada un maçon de Mouthiers-Hautpierre, non loin de Besançon, de leur louer une pièce dans sa maison, puis il escorta les Sevi vers leur nouvelle demeure. Peu de temps après, il retourna les voir pour leur apporter une somme importante que lui avait remise un ami de M. Sevi. Adrien et Marguerite vinrent également au secours de la famille Farhi, des Juifs d’origine turque eux aussi. Mme Farhi avait fait la connaissance de Marguerite alors que toutes deux faisaient la queue devant un magasin d’alimentation. Elle lui raconta qu’elle avait réussi à trouver une famille d’accueil hors de Paris pour ses deux aînés, mais qu’elle était angoissée pour sa petite fille, qui n’avait que six mois. Adrien fit une fois encore appel à des parents qui vivaient à Besançon, les Allenbach (q.v.) qui acceptèrent de s’occuper de la petite Françoise Farhi. Vers la fin du mois de novembre 1943, le radiologue prit le train de nuit avec le bébé qui dormait, tout emmitouflé, dissimulé dans un panier rempli d’objets divers. Personne ne le remarqua. Quelques semaines plus tard la police effectua une descente chez les Farhi. Seul le mari y était présent. Il prit la fuite par l’escalier de service. Un policier fit feu, l’atteignant d’une balle à la hanche. Il réussit néanmoins à se traîner jusqu’à la porte des Saulnier. Marguerite, qui était seule avec sa petite fille, lui ouvrit et lui fit un pansement de fortune. Ce faisant, elle risquait sa vie car la police aurait pu suivre la piste de M. Farhi, qui saignait abondamment, jusqu’à chez elle.

    Le 25 avril 1995, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Adrien et à Marguerite Saulnier le titre de Juste parmi les Nations.